5 films culte qui seraient jugés problématiques aujourd’hui

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Certains films ont bercé des générations entières, mais quand on les revoit aujourd’hui, on réalise qu’ils sont bourrés de scènes, de messages ou de clichés qui passeraient plus du tout en 2025. Culture du viol banalisée, stéréotypes racistes… Serieously vous propose 5 classiques du ciné qui seraient jugés très problématiques s’ils sortaient maintenant.

On s’est tous déjà dit que « c’était mieux avant ». La nostalgie a cet effet incroyable sur nous de ne montrer que les meilleurs côtés de nos souvenirs. Pourtant, en faisant un petit bon dans le passé, on se rend compte que tout n’était pas si rose, et même carrément problématique. Nous vous proposons de faire un voyage vers les souvenirs et de voir 5 films culte adorés qui feraient polémique en 2025.

Pretty Woman (1990)

Edward et Vivian dans Pretty Woman
© Buena Vista Pictures Distribution

Pretty Woman est un conte de fées moderne où Edward (Richard Gere), un businessman richissime, embauche Vivian (Julia Roberts), une prostituée de Hollywood Boulevard, pour l’accompagner à des événements mondains pendant une semaine. Leur relation évolue en romance, jusqu’à ce qu’il lui propose une nouvelle vie. À sa sortie, le film est un carton et devient un classique de la comédie romantique.


Mais aujourd’hui, beaucoup de critiques pointent le fait que le film glamourise la prostitution et romantise la dynamique d’un homme puissant qui “rachète” littéralement la vie d’une femme vulnérable. Dans une interview accordée à The Guardian en 2019, Julia Roberts reconnaissait même qu’il aurait été impossible de faire un film pareil aujourd’hui sans choquer. « Je ne pense pas que l’on pourrait faire ce film aujourd’hui, si ?« , a-t-elle affirmé. Avant elle d’ailleurs, de nombreuses actrices avaient refusé le rôle, dont Sandra Bullock, Michelle Pfeiffer ou encore Sarah Jessica Parker.

American Beauty (1999)

Un plan culte du film American Beauty.
© DreamWorks Pictures

Avec 5 Oscars, dont celui du Meilleur film, American Beauty a marqué la fin des années 90. Le film suit Lester Burnham (Kevin Spacey), un père de famille en pleine crise existentielle qui développe une obsession pour Angela (Mena Suvari), la meilleure amie mineure de sa fille. Tout le récit s’articule autour de ce fantasme malsain, entre autres dérives.


Dès sa sortie, certains critiques s’étaient déjà demandé si le film ne franchissait pas des limites, mais dans les années 2000, on parlait plutôt de chef-d’œuvre. Sa satire de la société américaine, la mise en avant de l’homophobie internalisée, de la sur-présence du sexe chez les jeunes, tous ces sujets n’ont pas manqué de diviser les audiences. Mais des années plus tard, avec le mouvement #MeToo et les accusations d’agressions sexuelles sur de jeunes hommes qui ont plus tard visé Kevin Spacey, le malaise autour du film s’est amplifié. Aujourd’hui, la sexualisation d’une adolescente et le ton complaisant envers le personnage principal passent difficilement.

Seize Bougies pour Sam (1984)

Long Duk Dong dans Seize Bougies pour Sam
© Universal Pictures

Cette comédie teen signée John Hughes raconte le seizième anniversaire de Samantha (Molly Ringwald), ignorée par sa famille et amoureuse du garçon le plus populaire du lycée. Entre quiproquos et humour potache, le film a marqué des générations de spectateurs américains, allant jusqu’à être cité dans le film Netflix À tous les garçons que j’ai aimés.


Mais avec le recul, Sixteen Candles est bourré de moments ultra-problématiques. Le personnage de Long Duk Dong, un étudiant d’échange chinois, est un cliché raciste ambulant qui enchaîne les gags humiliants moquant les communautés asiatiques sans arrêt. L’interprète du personnage lui-même, Gedde Watanabe, s’est exprimé à ce sujet, reconnaissant dans une interview au magazine People « je n’ai pas vraiment pensé qu’il s’agissait d’un stéréotype, parce qu’il n’y avait rien pour les acteurs asiatiques à l’époque« . D’autres scènes du film montrent une lycéenne inconsciente à cause de l’alcool, transformée en objet sexuel, le tout tourné comme une blague, ce qui passerait moins à une ère post #MeToo.

Grease (1978)

Scène du drive-in avec Sandy et Danny dans Grease, interprétés par John Travolta et Olivia Newton-John
© Paramount Pictures

Avec ses tubes mythiques et ses chorégraphies endiablées, Grease est LA comédie musicale culte par excellence. On y suit Danny (John Travolta) et Sandy (Olivia Newton-John), deux ados qui vivent une histoire d’amour contrariée dans un lycée américain des années 50. Une relecture moderne de Roméo et Juliette en chansons qui a marqué plus d’une génération.


Mais en y regardant de plus près, la romance du film envoie un message très différent de l’univers coloré et chantant qu’on nous présente : Sandy doit changer complètement de personnalité et devenir une “bad girl” pour séduire Danny. Et dans la chanson iconique Summer Nights, la phrase « Did she put up a fight? » (L’a-t-elle repoussé ?) pose carrément question sur le consentement. Justement, leur baiser échangé à la plage prend une autre tournure sous cet angle, Sandy étant réticente face à un Danny très insistant… Avant de recommencer dans la scène du drive-in. Presque 50 ans plus tard, bien que le statut culte de Grease reste intouchable, de plus en plus de fans remettent en questions les valeurs d’un autre temps mises en avant dans le film.

Ace Ventura, détective chiens et chats (1994)

Le personnage de Ray Finkle dans Ace Ventura
© Warner Bros

Porté par un Jim Carrey au sommet de sa carrière, Ace Ventura raconte les enquêtes loufoques d’un détective spécialisé dans les animaux. Le film des années 90 est devenu culte grâce à l’énergie débordante de Carrey et son humour délirant.


Mais le twist final, où le méchant est en réalité une femme trans, est basé sur une révélation tournée en gag transphobe : la scène où tous les personnages vomissent ou s’évanouissent en découvrant la “supercherie” est présentée comme une grosse blague pour le public. À l’époque déjà, très peu de personnes voyaient le mal dans ce gag. L’autrice trans Parker Molloy a expliqué dans une interview avec le journal The Chicagoist que « lorsque Ace Ventura est sorti, vous auriez eu du mal à trouver une critique mentionnant que le film pouvait être offensant pour les personnes transgenres« . Aujourd’hui, avec la visibilité accrue des personnes trans et une prise de conscience des violences qu’elles subissent, cette scène passerait pour un exemple flagrant de transphobie ordinaire.

Khalil Auguste Ndiaye

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