5 films qui ont ruiné la carrière de leurs acteurs
Publié le Par Khalil Auguste Ndiaye
Certains films ouvrent des portes, d’autres en ferment définitivement. Dans l’histoire d’Hollywood, il existe des rôles qui ont brisé des carrières au lieu de les propulser. Retour sur 5 films qui ont marqué la chute de leurs acteurs principaux.
On a tous en tête ces films qui ont fait d’un acteur une star mondiale en un claquement de doigts. Mais l’inverse existe aussi. Des longs-métrages tellement ratés ou mal reçus qu’ils ont cassé l’élan d’une carrière prometteuse. Entre flops monumentaux, critiques assassines et choix de rôles désastreux, certaines stars ne s’en sont jamais remises. Serieously vous présente 5 exemples de films qui ont laissé leurs acteurs sur le carreau.
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Elizabeth Berkley dans le film Showgirls

Elizabeth Berkley aurait dû exploser grâce à Showgirls en 1995. Tout semblait aligné : Paul Verhoeven sortait du carton planétaire de Basic Instinct et Hollywood cherchait sa nouvelle Sharon Stone. À seulement 22 ans, Berkley cochait toutes les cases. Formée à la danse classique, presque inconnue en dehors d’un rôle dans Sauvés par le gong, elle était prête à se dévoiler sans tabou face caméra. Elle décroche le rôle de Nomi Malone, stripteaseuse ambitieuse décidée à conquérir Las Vegas, devant une certaine Charlize Theron, encore débutante à l’époque.
Sur le tournage, Verhoeven l’encourage à jouer dans l’excès avec des gestes nerveux, des émotions brutes et une hypersexualisation assumée. Berkley se jette corps et âme dans cette direction, allant jusqu’à une scène de sexe aquatique restée célèbre. Mais à la sortie, la critique s’acharne, jugeant son jeu “ridicule” et son film vulgaire. Berkley devient la cible principale d’un rejet généralisé. Elle rafle deux Razzie Awards humiliants, pire actrice et pire révélation, et voit sa carrière anéantie presque du jour au lendemain.
Alors que Sharon Stone était devenue une icône après Basic Instinct, Berkley, elle, se retrouve persona non grata. Ses rares incursions au cinéma (L’Enfer du dimanche, un petit rôle chez Woody Allen) ne changent rien, et elle finit reléguée à la télévision, avec des apparitions ponctuelles dans Les Experts : Miami, The L Word ou NYPD Blue. Même sa participation à Danse avec les stars en 2013 n’a pas suffi à redorer son image. En 2015, Verhoeven lui-même reconnaît sa responsabilité et avoue que Berkley a payé l’addition d’un film trop en avance sur son temps. “Si quelqu’un est à blâmer, c’est moi”, dira-t-il au New York Daily News.
Sofia Coppola dans Le Parrain III

Sofia Coppola n’avait jamais rêvé d’être actrice, et c’est presque par accident qu’elle s’est retrouvée propulsée au cœur de la trilogie du Parrain. Initialement, le rôle de Mary Corleone devait revenir à Rebecca Schaeffer, tragiquement assassinée en 1989, puis à Winona Ryder, contrainte de se retirer pour raisons de santé. Francis Ford Coppola, sous pression et refusant de retarder son tournage, décide alors de confier le rôle à sa fille de 19 ans, qui connaissait déjà bien le scénario. « Il y a eu cette panique, et avant de m’en rendre compte, j’étais dans un fauteuil à Cinecittà« , racontera-t-elle plus tard. Loin d’y voir une opportunité de carrière, Sofia voulait avant tout aider son père, tout en abordant l’expérience comme une curiosité.
Mais le résultat à l’écran ne convainc pas. Dès la sortie en décembre 1990, les critiques se déchaînent. On la qualifie d’amateur, de manquant d’expression, certains allant jusqu’à affirmer qu’elle a gâché le film de son père. Entertainment Weekly titrera même « Est-elle incroyable ou si mauvaise qu’elle ruine le film ?« , une couverture restée célèbre. Francis Ford Coppola défendra toujours sa fille, estimant qu’elle a été injustement transformée en bouc émissaire. « La fille a pris la balle à la place de Michael Corleone et ma fille en a pris une à ma place. » Sofia ne s’effondre pas non plus et dira que « c’était gênant d’être jetée en pâture de cette manière. Mais ce n’était pas mon rêve d’être actrice, donc je n’étais pas détruite.«
Cette débâcle met un terme définitif à sa carrière d’actrice, limitée ensuite à une apparition sans dialogue dans Star Wars : La Menace Fantôme. Mais elle signe surtout le début d’une autre trajectoire : celle de réalisatrice, où elle va s’imposer avec Virgin Suicides, Lost in Translation ou encore Marie-Antoinette. Aujourd’hui, Coppola est saluée comme l’une des cinéastes les plus originales de sa génération, preuve que son naufrage d’actrice dans Le Parrain III n’était finalement que le point de départ d’une carrière brillante derrière la caméra.
Maxwell Caulfield dans le film Grease 2

Vous n’aviez peut-être jamais entendu parler de ce film. Quand Grease 2 sort en 1982, l’idée était simple, capitaliser sur le succès planétaire du premier volet, transformer Michelle Pfeiffer en star et offrir à Maxwell Caulfield, jeune premier britannique inconnu, une rampe de lancement à la John Travolta. Le film raconte l’histoire de Michael Carrington, le cousin de Sandy, fraîchement débarqué au lycée Rydell, qui tombe amoureux de Stephanie Zinone (jouée par Michelle Pfeiffer), cheffe des Pink Ladies. Pour la séduire, Michael se réinvente en mystérieux motard masqué, défiant les T-Birds et donnant lieu à des numéros musicaux pop. Sur le papier, tout était réuni pour faire exploser la carrière de Caulfield.
Mais la réalité est tout autre… Grease 2 est un flop critique et commercial. Là où le premier film avait marqué une génération, cette suite précipitée est perçue comme une pâle copie. Michelle Pfeiffer, malgré tout, parvient à rebondir rapidement et à bâtir la carrière qu’on connaît. Caulfield, lui, se retrouve brutalement étiqueté comme l’acteur du désastre. « Je n’ai pas travaillé pendant presque deux ans, j’étais mort à Hollywood« , confiera-t-il en 2022. Avant la sortie, il avait signé un contrat de trois films avec Paramount, censé l’installer comme nouvelle star montante. Mais après l’échec, le studio a tout simplement enterré l’accord. « Le film est sorti trop vite, il a disparu, et ils n’ont pas exercé leur option« .
Avec le recul, Caulfield décrit cette expérience comme une entrée avortée dans un monde fermé. « C’était un peu comme réussir à passer le cordon d’un club branché… mais ensuite, il faut réussir à rester à l’intérieur et à ne pas se faire jeter par la sortie de secours« . S’il a retrouvé une certaine stabilité à la télévision et au théâtre, il n’a jamais eu la carrière hollywoodienne qu’on lui avait promise. Grease 2, censé être son ticket pour la gloire, restera finalement l’étiquette collée à son nom.
Brandon Routh dans Superman Returns

Quand Bryan Singer décide de relancer la franchise Superman avec Superman Returns en 2006, l’idée est de retrouver l’aura mythique de Christopher Reeve tout en donnant un souffle nouveau à la saga.
Pour incarner l’Homme d’Acier, Warner choisit un inconnu, Brandon Routh, 25 ans. L’acteur coche toutes les cases grâce à sa stature imposante, sa mâchoire héroïque et un air qui rappelle l’emblématique Reeve. Tout semble indiquer qu’il est destiné à devenir la nouvelle icône du cinéma super-héroïque.
Le film, pourtant, ne tient pas toutes ses promesses. Avec son budget pharaonique (près de 270 millions de dollars) et ses 391 millions engrangés dans le monde, Superman Returns n’est pas un fiasco total, mais il déçoit les attentes des studios qui espéraient un carton au niveau d’un Spider-Man. Malgré des critiques plutôt favorables et une interprétation jugée correcte, la suite tombe progressivement dans l’oubli. Les projets de deuxième volet s’évaporent, et Routh se retrouve prisonnier d’un rôle qui devait l’ériger en superstar mais qui, en réalité, bloque sa carrière. Il admettra même en interview que cette expérience l’a profondément marqué. « Heureusement, je ne me suis pas réfugié dans l’alcool ou la drogue. Mais il m’a fallu beaucoup de temps pour accepter cette désillusion. »
Pire encore, ce qui devait être son tremplin se transforme en étiquette encombrante. Routh décroche bien quelques seconds rôles au cinéma (Zack & Miri font un porno, Scott Pilgrim), mais Hollywood ne lui propose plus jamais de projets majeurs. L’acteur rebondit surtout à la télévision, où il retrouve une certaine stabilité, notamment grâce au rôle de… Ray Palmer alias The Atom dans Arrow, The Flash et Legends of Tomorrow. En 2019, il a même eu l’occasion d’endosser à nouveau le costume de Superman, dans le crossover Crisis on Infinite Earths, une parenthèse émouvante qui prouvait qu’il restait attaché au personnage malgré tout. Tellement qu’il a avoué avoir pleuré devant Superman (2025) de David Corenswet et se dit heureux de voir l’univers DC repartir sur de nouvelles bases.
Ahmed Best dans Star Wars Episode I : La Menace Fantôme

Quand Ahmed Best est choisi à la fin des années 90 pour incarner Jar Jar Binks dans Star Wars Episode I : La Menace Fantôme, il a tout juste 25 ans. Pour ce jeune acteur new-yorkais, c’est un rêve éveillé. Non seulement il prête sa voix au personnage, mais il devient aussi son corps, grâce à la technologie de motion capture, encore balbutiante à l’époque. Mais ce qui aurait dû être une consécration se transforme rapidement en cauchemar.
Dès la sortie du film en 1999, Jar Jar Binks divise. Beaucoup d’enfants l’adorent, séduits par son côté maladroit et cartoonesque. Mais une grande partie des fans historiques de la saga rejette ce personnage haut en couleur, jugé insupportable et inutile. Pire encore, certains critiques et spectateurs l’accusent de véhiculer des stéréotypes racistes à travers son accent et sa gestuelle. Très vite, Jar Jar devient le symbole de tout ce qui « ne va pas » avec la prélogie de George Lucas, et Ahmed Best, malgré son invisibilité derrière les effets numériques, devient le bouc émissaire d’une haine disproportionnée. Le personnage est moqué, caricaturé, transformé en mème avant l’heure. Best confiera bien plus tard dans un tweet que ce rôle, censé lancer sa carrière, l’a au contraire brisé. « Il y a 20 ans, j’ai fait face à un contrecoup médiatique qui affecte encore ma carrière. C’est à cet endroit que j’ai failli mettre fin à ma vie« .
Loin d’avoir mené la carrière fulgurante qu’il espérait, l’acteur reste pourtant une figure incontournable de l’histoire du cinéma numérique. En 2019, Lucasfilm lui a même offert une sorte de réhabilitation symbolique en lui confiant le rôle du Jedi Kelleran Beq dans l’émission Star Wars: Jedi Temple Challenge, destinée aux enfants.
Khalil Auguste Ndiaye