Black Bird : Dennis Lehane, « Le plus difficile c’est de trouver du bon dans le mauvais » [Interview]

Black Bird : Dennis Lehane, « Le plus difficile c’est de trouver du bon dans le mauvais » [Interview]

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A l’occasion de l’arrivée de Black Bird sur Apple TV+, Serieously a eu la chance d’échanger avec le créateur de la série, Dennis Lehane, ainsi que les acteurs Sepideh Moafi et Greg Kinnear. Rencontre. 

Mini-série inspirée par l’histoire vraie de Larry Hall et basée sur le livre In With the Devil de James Keene, Black Bird nous plonge dans un enfer pénitencier suffocant où chaque mot a son importance. Ancien dealer de drogue condamné à 10 ans de prison, Jimmy (Taron Egerton) passe ainsi un marché avec le FBI. S’il parvient à soutirer des informations essentielles à un dangereux tueur en série (Paul Walter Hauser), alors sa peine sera commuée. Une mission périlleuse, qu’il va toutefois mener avec courage et détermination. 

Pourquoi avez-vous eu envie de raconter cette histoire en particulier ? 

Dennis Lehane : L’un de mes amis producteurs m’a offert le livre In With the Devil de James Keene en me demandant de l’adapter. J’ai d’abord rejeté l’idée, car je trouvais cela vraiment trop noir. Je n’avais pas envie de me plonger dans la prison, ni d’écrire une histoire sur un tueur en série, mais ensuite j’ai commencé à approfondir le sujet. Je me suis alors rendu compte que c’était une histoire universelle que l’on raconte depuis la nuit des temps au sujet d’un jeune homme qui se voit chargé d’une mission dans le but de protéger la société. Pour cela, il doit traverser la forêt, entrer dans une grotte ou, ici, aller en prison. Puis, il doit affronter un monstre et ressort alors de cette expérience complètement changé. Et c’est cette histoire-là qui m’a attiré !

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© 2022 Apple TV+

Comment avez vous travaillé sur l’écriture du personnage de Larry Hall ?

Dennis Lehane : Il faut commencer par les choses faciles. Oui, Larry Hall est un monstre et oui, ce qu’il a fait est impardonnable, mais Larry Hall est aussi un être humain. Et, cela est une chose vraiment déconcertante à se mettre en tête. Ça a donc été mon point de départ. Ensuite, je me suis demandé quels étaient les éléments qui le rendaient humain. Il aimait beaucoup les voitures, il aimait beaucoup les reconstitutions historiques et notamment celles autour de la Guerre de Sécession et il avait une relation très étroite avec son frère. Voici donc trois choses non-monstrueuses que je connaissais sur cet homme. Ce qu’il y a de plus difficile dans l’expérience humaine, ce n’est pas d’accepter qu’il y ait des gens bons et mauvais, c’est qu’il y a du bon dans le mauvais. C’est une idée très complexe à saisir et à laquelle les Hommes sont pourtant confrontés en permanence.

Aviez-vous déjà des acteurs en tête en écrivant le scénario de la série Black Bird ?

Dennis Lehane : Non, pas du tout. On a terminé le script, on était enfin satisfaits de ce que nous avions fait, puis l’un des producteurs a rencontré Taron Egerton. Il a tout de suite pensé qu’il tenait notre homme et lui a envoyé le scénario. Ce n’est qu’une fois que Taron a rejoint le projet que nous avons commencé à chercher les comédiens pour le reste de la distribution. Il n’y a que le rôle de Big Jim, le père de Jimmy, que j’avais écrit spécifiquement pour Ray Liotta. 

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© 2022 Apple TV+

Sepideh et Greg, comment vous êtes-vous préparés à entrer dans la peau de vos personnages ?

Sepideh Moafi : Le processus de préparation a été assez important pour ce rôle. Au début, j’avais du mal à concevoir ce que ce serait pour moi de rejoindre le FBI et de m’immerger dans toutes ces affaires et ces crimes. J’ai travaillé avec un coach pour comprendre ce que ce serait pour elle physiquement, mais j’ai également fait beaucoup de recherches pendant deux mois. J’ai regardé des documentaires, écouté des podcasts, lu les articles, des livres et je me suis entretenue avec des agents du FBI désormais retraités. J’avais même créé un tableau visuel dans mon dressing où j’avais accroché toutes sortes de documents pour m’aider à rentrer dans mon rôle. Un jour, Dennis est venu chez moi, a vu ce tableau et m’a dit : « Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? » (Rires). 

Greg Kinnear : Pour ma part, je n’ai pas fait grand chose (rires). Je viens du centre-ouest des Etats-Unis, là où Larry Hall a commis ses crimes. J’ai beaucoup lu sur cette histoire et j’ai longuement parlé avec Dennis sur ce qu’il recherchait dans mon interprétation du personnage. Brian Miller est un vétéran du Vietnam, bien organisé et tout ça était bien mis en valeur dans le script. J’ai donc simplement suivi le scénario comme mon étoile polaire.

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© 2022 Apple TV+

Quel a été le plus gros défi dans le fait de raconter cette histoire pour le petit écran  ?

Dennis Lehane : Dans le cinquième épisode, je voulais exprimer l’idée que même si vous tuez une personne, vous n’effacez pas la vie qu’elle a vécue. Je voulais reprendre l’histoire que Larry avait volé à ses victimes et consacrer cet épisode à l’existence que cette jeune fille avait eue. Ça a été très éprouvant à écrire et j’y ai mis beaucoup de ma personne.

Retrouvez Black Bird à partir du 8 juillet sur AppleTV+.

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste

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