« C’est un mauvais sujet » : pourquoi Le Dîner de Cons a-t-il failli ne jamais voir le jour ?
Publié le Par Alexia Malige

Véritable monument de la comédie, Le Dîner de Cons reste encore et toujours un grand classique du cinéma dans le coeur des Français. Pourtant, le projet avait très mal débuté et aurait même pu ne jamais être développé. Il s’en est ainsi fallu de peu pour que Francis Veber n’abandonne son idée et n’écrive pas les aventures de François Pignon et Pierre Brochant.
« Il est mignon Monsieur Pignon, il est méchant Monsieur Brochant ! » En France, tout le monde ou presque connaît cette réplique, devenue culte au fil des années. Il faut dire qu’immédiatement après sa sortie en 1998, Le Dîner de Cons a connu un succès triomphal. En attirant plus de 9 millions de spectateurs dans les salles de cinéma, le film écrit et réalisé par Francis Veber s’est vite imposé comme une pièce maîtresse de la comédie et continue, aujourd’hui encore, à faire rire dans les chaumières, lors de ses multi-rediffusions à la télévision.
Cependant, si le projet s’est révélé être une véritable réussite, cela était loin d’être gagné au départ. Pire, Francis Veber a failli arrêter de travailler sur l’histoire après avoir été découragé par ses proches.
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« C’est dangereux l’avis des gens », Francis Veber sur Le Dîner de Cons

Alors qu’il donnait une master class dans un cinéma il y a quelques mois, Francis Veber est revenu avec humour sur la genèse du Dîner de Cons, expliquant que plusieurs personnes avaient tenté de le dissuader de mener ce projet à bien. « C’est dangereux l’avis des gens, l’opinion des gens », a-t-il d’abord affirmé en plaisantant.
« J’étais avec Gérard Lauzier, un copain à moi et on était à Los Angeles. Et il me dit : ‘qu’est-ce que tu fais en ce moment ? ’Pour l’instant, j’ai une idée : c’est Le Dîner de Cons. Il me dit : ‘c’est quoi ça ?’ C’est peut-être une légende urbaine, mais il parait qu’il y a des gens méchants, des gens d’un certain milieu social, qui jouent à un jeu qui consiste à inviter le type le plus con qu’ils connaissent. Les cons ne savent pas pourquoi on les a invités et puis ils sont en compétition sans le savoir, et à la fin, on leur remet une palme. Il me dit : ‘Ah oui, c’est intéressant’ ».

En voyant son intérêt pour ce pitch, Francis Veber – qui était à ce moment-là en train d’écrire un autre scénario – lui propose alors d’écrire la première bouture, tandis que lui s’occupera de la deuxième. Les deux hommes décident ainsi de travailler ensemble, mais la collaboration n’aboutit pas.
« Un mois et demi ou deux mois après, je l’appelle et je lui dit : ‘Où tu en es sur le dîner de cons ?’Il me dit : ‘C’est pas un sujet. C’est un mauvais sujet, on ne peut pas le faire’. J’appelle ma soeur – qui était directrice du théâtre de la Renaissance – désespéré, en disant : ‘France, qu’est-ce que tu penses de ça ?’ Et je lui raconte les prémices du Dîner de cons et elle me dit : ‘C’est pas un sujet du tout, ça. Non. C’est méchant’ ».
Francis Veber n’a pas voulu abandonner François Pignon et Pierre Brochant

Malgré tout ça, Francis Veber s’est accroché à son idée et a réussi à en faire une pièce de théâtre, qui a débuté en septembre 1993 au théâtre des Variétés avec Jacques Villeret et Claude Brasseur dans les rôles titres. Très vite, le public a été au rendez-vous et cela a donc permis de lancer une adaptation cinématographique en 1998. Adaptation qui s’est soldée par trois César – meilleur acteur pour Jacques Villeret, meilleur acteur dans un second rôle pour Daniel Prévost et meilleur scénario original ou adaptation pour Francis Veber. Preuve supplémentaire que l’auteur et réalisateur français a bel et bien fait de ne pas se laisser influencer par ses proches !

Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction