Dissidentes : pourquoi cette nouvelle dystopie dans la veine de La Servante Ecarlate va vous faire frémir

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Imaginée par la romancière Tosca Noury, Dissidentes nous plonge dans un monde dystopique qui fait froid dans le dos. Un univers froid et cruel, où l’extrémisme a gagné, emportant tout sur son passage, à commencer par les droits des femmes. De quoi donner matière à réfléchir sur la condition féminine et sur les dérives de la discrimination sexuelle, dont aucun pays n’est véritablement à l’abri, pas même les plus progressistes. 

« Jo est en fuite. L’état d’urgence démographique, déclaré trente ans plus tôt lorsque le monde a sombré dans le chaos, a pris un nouveau tournant. Désormais, ce sont toutes les filles de plus de 15 ans qui doivent se soumettre au Devoir de procréation ou rejoindre les Instituts de natalité. Aucune d’elles n’en est jamais revenue.

Pourchassée par les autorités, le seul espoir de Jo est de rejoindre l’Union scandinave, encore libre de toute oppression. Mais son plan ne se déroule pas comme prévu. Pour passer la frontière, elle doit s’allier à Edgar, qui a vécu toute sa vie en autarcie et ignore tout du gouvernement qui fait régner la terreur. D’autant plus que le jeune homme a la fâcheuse tendance à attirer des fugitifs dans leur périple… Acculés, ils risquent le tout pour le tout et n’ont plus qu’un objectif : survivre. »

Révoltant. Effrayant. Glaçant. Le monde imaginé par Tosca Noury dans Dissidentes vous rentre dans la peau et vous refroidit de l’intérieur, tant ce qu’elle y décrit paraît crédible et alarmant. A l’image de La Servante Ecarlate de Margaret Atwood, cette dystopie s’inspire de débats et de problématiques réels qui, poussés à l’extrême, pourraient bel et bien donner naissance à l’humanité ravagée que l’on découvre à travers ce nouveau roman. Ce monde n’existe pas, il est fictif, oui, mais…

Les idées qui y sont développées, elles, ne sont le sont pas tellement. Elles proviennent directement de lois ayant existé ou existant encore dans divers pays du globe. L’autrice le dit elle-même dans son avant propos, elle n’a rien inventé. En démarrant l’écriture de ce livre, sa règle était simple : « Ne rien introduire qui n’ait pas déjà eu lieu à un moment de l’Histoire ou quelque part sur Terre ». Et c’est bien ce qui rend le récit de Jo et Edgar aussi captivant qu’épouvantable : cette histoire, ça pourrait être la nôtre, à nous toutes…

Des personnages variés qui offrent une vision globale du système

Jo et Edgar dans Dissidentes
© Serieously avec Midjourney

Alors que Jo est une hors-la-loi désirant quitter le pays pour espérer un avenir meilleur, Tosca Noury nous présente dans Dissidentes de nombreux personnages à travers lesquels il est possible de découvrir le système en place sous un nouvel angle. Au fil du récit, on rencontre ainsi différents types d’hommes : politiques, militaires, rebelles ou même ingénus, ce qui permet de donner des nuances à cette France patriarcale, qui a dérivé au point de supprimer une partie de la population du tableau.

De l’autre côté, les femmes se font évidemment plus rares, mais celles qui se fraient un chemin dans les péripéties de Jo et Edgar ont toutes traversé de terribles épreuves, peu importe le chemin qu’elles ont dû parcourir. Avec elles s’ouvrent des questions acides, qui brûlent les lèvres, mais refusent d’être posées…

Comment vit-on lorsqu’on est mariée de force à 15 ans ? Comment survit-on dans un pays où l’on a aucun droit ? Comment cohabite-t-on avec des hommes qui nous voient comme des objets ? Autant d’interrogations qui poussent à la réflexion sur la condition féminine, mais aussi et surtout sur le masculinisme, qui tend à revenir en force ces dernières années, y compris dans des pays où on le pensait éteint ou presque.

Dissidentes, un univers « post-apocalyptique » à la The Last of Us

© Serieously avec Midjourney

Ancré en France, et tout particulièrement dans la région Rhône-Alpes, Dissidentes se déroule dans une nation désenchantée, dévastée par les coups d’état, les conflits armés et le terrorisme ambiant. Le pays ne ressemble ainsi plus du tout à ce qu’il était autrefois, il a perdu ses couleurs et sa beauté. Jo y décrit le paysage urbain comme décrépis et tombé à l’abandon, des immeubles entiers demeurant vides, abîmés et rongés peu à peu par la nature qui tente de reprendre ses droits.

Certains endroits, comme le métro, ont donné naissance à des sortes de QG rebelles, où de petites villes de fortunes, montées de bric et de broc, ont émergé. Le genre de décor que l’on pourrait retrouver dans le district 12 de Panem dans la saga Hunger Games ou même dans la série The Last of Us. Cet environnement froid, brisé et ruiné participe alors à construire une ambiance inquiétante, dans laquelle personnages et lecteurs avancent ensemble à pas feutrés, toujours sur le qui-vive. Une chose est sûre dans Dissidentes : il ne faut jamais baisser la garde, surtout si l’on est une femme. 

Entre The Last of Us et La Servante écarlate, découvrez Dissidentes, une dystopie haletante par Tosca Noury

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste - Secrétaire de rédaction

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