Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban : « Tu es un blaireau arrogant », pourquoi Alfonso Cuarón s’est-il fait recadrer pour avoir dénigré le monde des sorciers ?
Publié le Par Alexia Malige
S’il est désormais considéré comme l’un des meilleurs opus de la saga, Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban aurait pu être très différent. Pour cause, le réalisateur Alfonso Cuarón n’était pas très intéressé par l’univers magique à l’origine et a d’abord eu l’intention de décliner la proposition de Warner Bros, avant de se raviser.
Sombre, mystérieux et un brin horrifique, Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban a séduit les fans de l’univers de J.K. Rowling grâce à sa réalisation originale et gothique. Les Potterheads ont ainsi tous adhéré au style singulier du cinéaste Alfonso Cuarón, qui a signé ici l’un des volets, si ce n’est LE volet, le plus populaire de la franchise.
A sa sortie en salles en 2004, le film a engendré près de 800 millions de dollars, jouissant ainsi d’un immense succès commercial, mais également critique, puisqu’il est le 2e mieux noté de la saga sur Rotten Tomatoes, avec une note de 91%, juste derrière Les Reliques de la Mort, partie 2, qui obtient lui une note de 96%. De quoi rassurer le réalisateur mexicain, qui n’était, au départ, pas sûr d’être le mieux placé pour prendre les commandes d’une telle adaptation.
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« Je ne pense pas que ce soit pour moi »

Au début des années 2000, Alfonso Cuarón n’était pas encore le cinéaste primé que l’on connaît aujourd’hui et ne comptait que quelques oeuvres à son actif. Il avait notamment mis en boîte La Petite Princesse (1995), De Grandes Espérances (1998), ainsi que Et…ta mère aussi ! (2001). Son nom n’était donc pas encore très connu du grand public et c’est pourquoi il a été très étonné d’être approché par Warner Bros pour travailler sur le nouvel opus de la saga Harry Potter.
« J’étais confus parce que ce n’était absolument pas dans mes plans », a-t-il expliqué au micro de Total Film, comme relayé par The Hollywood Reporter en mai 2024. Cette proposition l’avait totalement dérouté et il a donc décidé d’en parler à son ami, le cinéaste Guillermo del Toro, que l’on connaît pour ses longs-métrages singuliers comme La Forme de l’eau, Le Labyrinthe de Pan et plus récemment Frankenstein.
« Je discute souvent avec Guillermo, et je lui ai dit : ‘Tu sais, on m’a proposé ce film Harry Potter, mais je trouve ça très bizarre qu’on m’ait proposé ça’. Il m’a répondu : ‘Attends, attends, attends, tu me dis que tu n’as jamais lu Harry Potter ?’ Je lui ai dit : ‘Je ne pense pas que ce soit pour moi’. Dans un jargon très fleuri, en espagnol, il m’a répondu : ‘Tu es un blaireau arrogant’ ».
Guillermo del Toro regrette d’avoir dit « non » à Harry Potter

S’il a bien insisté auprès de son collègue et compatriote pour s’occuper de l’adaptation du troisième film, Guillermo del Toro a de son côté décliné la même proposition, qui lui avait été faite quelque temps avant. Dans une interview accordée à MTV en 2007, il avait expliqué que les premiers films étaient « tellement gais, joyeux et lumineux », qu’il n’avait pas été « intéressé » par le projet, ne voyant pas comment le monde des sorciers pourrait s’harmoniser avec son propre univers. Une idée totalement balayée par les opus suivants, qui ont vu la franchise gagner en drame et en noirceur, offrant alors un terrain de jeu parfait pour lui dans lequel il aurait bien aimé s’amuser.
Lors d’une masterclass donnée au festival d’Annecy en 2017, Guillermo del Toro a même confié qu’avoir refusé de réaliser un film Harry Potter était son plus grand regret. Et quand l’on voit ce qu’Alfonso Cuarón a réussi à faire avec Le Prisonnier d’Azkaban, on comprend que l’univers gothique de del Toro aurait effectivement pu apporter beaucoup aux élèves de Pouldard, notamment sur les derniers volets qui se veulent plus tristes et obscurs.
Alexia Malige
Journaliste
Journaliste depuis 2020 chez Serieously, Alexia Malige dévore les films, livres et séries en quantité bien trop démesurée. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, le temps s’accorde toujours à ses envies d’ailleurs et de magie. Et si l’automne est, pour elle, propice aux fictions saupoudrées de cannelle à la Gilmore Girls et Downton Abbey, elle sait aussi se tourner vers des récits bien moins tendres, à l’image de Vikings, Fourth Wing, Peaky Blinders ou Game of Thrones. Des goûts très variés donc, oscillant entre Disney, fantasy, Histoire et comédie absurde qui l’ont conduite à interviewer des célébrités issues de divers horizons comme Brad Pitt, Taron Egerton, Alex Høgh Andersen, Zendaya ou encore l’espiègle Hugh Grant.