Le château solitaire dans le miroir : 3 choses à savoir sur le roman bouleversant de Mizuki Tsujimura

Joli conte fantastique de Mizuki Tsujimura, Le château solitaire dans le miroir s’attaque à un fléau de la société moderne avec pour seules armes la poésie et l’émotion. Un roman touchant centré sur les maux de l’enfance et l’adolescence, qui offre un regard plein de tendresse sur les victimes de harcèlement scolaire, contraintes de s’isoler face à la cruauté de leurs pairs.

Et si vous passiez de l’autre côté du miroir ? C’est le cas de la jeune Kokoro, élève en sixième, qui va, un beau jour, traverser le miroir de sa chambre et se retrouver dans un étonnant château de conte de fée. Alors qu’elle ne va plus à l’école depuis des semaines, elle se retrouve propulsée dans ce monde parallèle, dans lequel elle fait la connaissance de six autres enfants, aspirés eux aussi dans cette mystérieuse réalité.

Une petite fille au masque de loup les accueille et leur explique les règles. Le château leur sera accessible tous les jours de 9h à 17h pendant un an, temps dont ils pourront profiter pour chercher la clé de la chambre des souhaits. S’ils la trouvent, l’un d’entre eux verra son voeu exaucé. Une aventure étonnante, donc, à laquelle Kokoro va prendre part malgré elle, tiraillée entre sa timidité et sa curiosité.

Le harcèlement scolaire abordé différemment

A travers Le château solitaire dans le miroir, Mizuki Tsujimura s’intéresse avant tout à la détresse des enfants en situation de déscolarisation. Moqueries, menaces, terreur, l’écrivaine japonaise sensibilise au harcèlement scolaire qui sévit actuellement dans les établissements du monde entier, brisant la vie de jeunes âmes en construction. L’école, considérée comme un lieu d’apprentissage et de développement devient ainsi une source d’angoisse et d’anxiété. Un nouvel enfer pour certains élèves isolés, qui mettent alors tout en oeuvre pour y échapper. 

Avec le personnage de Kokoro, mais également ceux d’Ureshino ou Masamuné, l’autrice essaie  ainsi d’explorer le mal-être des enfants, nuançant les ressentis en mettant en lumière des personnalités très différentes les unes des autres. Qu’ils soient discrets, en colère ou bien en quête perpétuelle d’attention, chacun des personnages exprime sa douleur à sa manière, présentant alors un large panel de souffrance. La tristesse ne prend pas une forme unique, loin de là. Elle se décline en un éventail de sentiments complexes et comportements propres à chacun. 

Et si le harcèlement s’impose comme le pilier du Château solitaire dans le miroir, la romancière évoque plus largement les violences faites aux enfants, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Tout le monde n’a pas la chance de grandir dans la douceur et la joie, ce que le livre rappelle avec force et éclat. Les protagonistes ont beau être très jeunes, ils ont tous traversé des épreuves difficiles, qui les ont fait grandir plus vite qu’ils ne l’auraient souhaité. Il ne s’agit donc pas ici d’un conte léger plein de magie, mais d’un récit profond et bouleversant sur l’un des fléaux actuels qui gangrène la société moderne.

Le château solitaire dans le miroir a triomphé au Japon

Publié en 2017, Le château solitaire dans le miroir a rapidement connu un immense succès au Japon, où il s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires. Qu’il s’agisse des lecteurs, comme de la critique, tous ont été conquis par la prose raffinée de Mizuki Tsujimura et son histoire fantastique pleine de sensibilité rappelant Alice au Pays des Merveilles. Fort de sa popularité, le roman a notamment remporté le très couru Japan Bookseller’s Award, ajoutant encore un peu plus à son prestige. 

Du livre au dessin

D’abord adapté en manga par Tomo Taketomi, Le château solitaire dans le miroir s’est dévoilé en dessins à travers plusieurs chapitres publiés dans le magazine manga seinen Ultra Hump de Shūeisha de 2019 à 2022, qui ont ensuite été regroupés dans un ensemble de cinq volumes. 

Plus tard, les péripéties de Kokoro ont pris vie sur grand écran avec le film d’animation éponyme de Keiichi Hara. Fidèle à l’oeuvre de Mizuki Tsujimura, ce dernier a été présenté en sélection officielle du festival d’Annecy en juin 2023, accompagné d’une présentation émouvante et engagée du réalisateur. Très concerné par le sujet du harcèlement scolaire au Japon, le cinéaste a ainsi tenu à remettre le film dans son contexte, insistant sur le fait qu’en 2022, 514 enfants et adolescents se sont donné la mort dans le pays. Un chiffre particulièrement important, qui n’a jamais été aussi élevé depuis que l’Etat a commencé à comptabiliser ces décès en 1980. 

Découvrez un extrait des premiers chapitres du Château solitaire dans le miroir. Le roman est disponible en librairie.