L’Étranger : pourquoi le film est-il en noir et blanc ?

Sorti en salles ce mercredi 29 octobre en France, L’Étranger, dernière adaptation du roman emblématique d’Albert Camus, fait d’ores et déjà questionner les spectateurs. Pourquoi ce nouveau long-métrage a-t-il opté pour le noir et blanc ? Le réalisateur a en réalité expliqué et justifié son choix, qui n’est certainement pas le fruit du hasard.

Ce 29 octobre sort L’Étranger de François Ozon au cinéma, film dans lequel Benjamin Voisin, qui avait alors précédemment collaboré avec le cinéaste sur Été 85, campe le personnage gris de Meursault, un homme d’apparence respectable vivant à Alger sous l’occupation française. Un jour, celui-ci reçoit un télégramme annonçant la mort de sa mère. Malgré cette soudaine disparition, Meursault ne semble pas tourmenté. Des jours après l’enterrement, suite à un conflit entre son voisin colérique et des Arabes, il assassine de sang froid l’un des Arabes, sur une plage, sans aucun remord ni regret.

L’ouvrage d’Albert Camus se termine sur Meursault, reconnu coupable et condamné à la guillotine. Il accepte son destin parce qu’il sait que le jour de son exécution, il ne sera pas seul.

!!!Attention, la suite de cet article contient des spoilers et d’importantes révélations sur le film L’Étranger, actuellement au cinéma!!!

Comment se termine le film L’Étranger ?

Le long-métrage de François Ozon se termine presque de la même manière que le roman. Si le livre publié en 1942 s’achève bel et bien sur le monologue de Meursault qui déclare que la mort n’est pas un châtiment pour lui, ce n’est pas le cas du film, à raison d’une scène qui y a été ajoutée, qui souligne la vision moderne du réalisateur.

Le noir et blanc du film L’Étranger expliqué

À la Mostra de Venise 2025, François Ozon a révélé que son choix de tourner L’Étranger en couleur puis d’y ajouter le noir et blanc était autant une décision artistique que budgétaire : « Comme il s’agit d’un livre philosophique, il m’a semblé que le noir et blanc était idéal pour raconter cette histoire, car il est dépourvu de couleur, c’est une forme de pureté… C’était aussi un choix financier. Ce n’est pas un blockbuster américain et je n’avais pas les moyens de recréer les années 1930 à Alger, cela m’a donc permis de simplifier beaucoup les décors. Tout devient absolument magnifique et réveille le cinéphile qui sommeille en nous, car tout à coup, quand j’ai vu Rebecca en maillot de bain blanc sur la plage, je me suis dit : ‘C’est Elizabeth Taylor dans Soudain l’été dernier’, ou Benjamin qui marche dans les rues, j’avais l’impression de voir James Stewart ou Cary Grant« .

Attention, la suite de cet article contient des spoilers et d’importantes révélations sur le film L’Étranger, actuellement au cinéma.

Le noir et le blanc dans le film servent à mettre la lumière sur la noirceur des actes de Meursault qui s’oppose à sa personnalité sereine, impénétrable. À première vue, il est difficile d’imaginer qu’un homme de son grade pourrait commettre une horreur de la sorte, et pourtant, il poignarde bien le jeune Moussa Hamadi. Au tribunal, Meursault affirme qu’il n’avait pas pour intention de tuer l’Arabe, mais qu’il l’a fait car le reflet du soleil sur la lame du couteau l’a rendu fou et lui a obscurcit la vue. En noir et blanc, cette justification est donc drastiquement plus claire pour les spectateurs, qui peuvent voir en détail les jeux d’ombre sur le visage de Meursault.