Matrix Resurrections : l’heure de s’envoler vers une irréelle réalité

Matrix Resurrections : l’heure de s’envoler vers une irréelle réalité

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Près de 20 ans après la fin de la saga, Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss replongent dans la Matrice pour une nouvelle odyssée métaphysique et psychée. Un pari osé pour Lana Wachowski qui embarque, avec Matrix Resurrections, seule aux commandes d’un programme aussi instable que risqué. 

Pilule rouge ou pilule bleu ? A l’image de Neo et du célèbre dilemme de Morpheus, les sœurs Wachowski ont dû faire un choix. Dire définitivement adieu à l’œuvre de leur vie ou la ressusciter dans l’espoir de vibrer à nouveau. Le lapin blanc est passé et Lana n’a pas su résister à l’envie de le suivre. Lilly, quant à elle, a préféré tourner la page, satisfaite de son actuelle réalité. C’est donc seule et portée par un désir d’écriture profond et organique que la réalisatrice de 56 ans a choisi de s’abandonner à la chute vertigineuse et bouleversante conférée par l’univers singulier et enivrant de la saga Matrix. Une épopée fascinante qui a marqué l’histoire du septième art à jamais.

Un mélange d’ancien et de nouveauté

Matrix Resurrections
© Warner Bros

Face à ce projet titanesque et périlleux, la cinéaste s’est alors laissée guider par son instinct, par ses émotions, donnant ainsi un nouveau souffle à la saga, sans jamais déconstruire les histoires passées. Là réside la force de Matrix Resurrections. Un retour aux sources, qui ne se contente pas de proposer un air de déjà-vu, mais offre une véritable suite à la trilogie originale.

Enthousiastes à l’idée de participer à la narration de ce quatrième chapitre, Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss et Jada Pinkett-Smith reprennent leur rôles iconiques, aux côtés de nouveaux visages aussi rafraichissants que percutants. Yahya Abdul-Mateen II se glisse ainsi dans la peau du célèbre Morpheus avec une telle aisance, qu’il nous en ferait presque oublier Laurence Fishburne – l’interprète originel du personnage – tandis que Jessica Henwick assume un rôle de leader avec beaucoup de caractère. La nouvelle génération est là, mais l’ancienne n’en est pas reléguée au second plan pour autant. Tous travaillent ainsi main dans la main afin de tisser un avenir de liberté, basé sur les fondements d’un passé teinté d’espoir.

Un programme intact en parfait état de marche

Matrix Resurrections
© Warner Bros

Produit du début des années 2000, la saga Matrix avait à l’époque, révolutionné le paysage cinématographique à coup de teintes vertes, de combats dynamiques, de slow-motion et de bullet-time. Une véritable machine, capable de fabriquer les scènes culte à la chaîne, sans jamais perdre en intérêt ou en intensité. Loin de s’éloigner du style de ses prédécesseurs, ce quatrième volet reprend donc les codes emblématiques de la trilogie, tout en les adaptant à la technologie d’aujourd’hui. Les moments d’action n’en sont alors que plus tranchants et incisifs, lorsque les scènes d’émotion accordent davantage de place à la poésie. Moins obscur, moins noir, le film laisse entrer un peu plus de lumière, tant dans sa photographie que dans son histoire. L’image en est alors plus vibrante, l’intrigue plus touchante.

L’histoire d’un amour immuable

Matrix Resurrections
© Warner Bros

Si les trois premiers opus cherchaient avant tout à dresser le portrait menaçant d’un futur proche, ravagé par les dérives de la technologie, Matrix Resurrections prend un tournant différent. Pas la peine d’avertir des dangers de l’intelligence artificielle ou de la dépendance 2.0., notre génération nage en plein dedans. Alors, confrontée à cette dématérialisation de l’humanité et de la vie sociale, Lana Wachowski a choisi de parler d’amour, tout simplement. L’amour brûlant, passionnel, fusionnel et indestructible de Neo et Trinity. Une romance résistante au temps et aux tempêtes, à travers laquelle la cinéaste a voulu rendre hommage à ses parents, profondément unis jusqu’à la fin.

Centré davantage sur les hommes que sur les machines, le film raconte ainsi cette histoire d’amour éternelle, capable de déplacer des montagnes, de défier la vie, la mort, le réel et l’irréel. La sensibilité qui se dégage du scénario et de la mise en scène raisonne alors avec celle de la série Sense8, qui s’était donné pour mission d’explorer les émotions humaines avec une beauté et une profondeur jamais exploitées auparavant. Neo n’est  plus seulement un héros, mais le véritable élu. Celui du cœur de Trinity. Il va donc devoir choisir entre fantasme et réalité et se montrer, une nouvelle fois, à la hauteur du rôle qui lui a été confié. Pilule rouge ou pilule bleue ? Il est temps de s’envoler.

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste

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