5 acteurs français qui se sont fait virer de leur film pour des raisons hallucinantes

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Entre la mise en place de la production d’un film et son arrivée sur nos écrans, il se passe souvent beaucoup de temps. Assez de temps pour des changements plus ou moins importants dont parfois même des départs et des changements d’acteurs. Serieously vous présente aujourd’hui cinq de ces changements avec des raisons parfois incroyables.

Même les plus grands noms du cinéma ne sont pas à l’abri d’un coup de théâtre… ou d’un coup de balai. Certains acteurs français, parfois au sommet de leur carrière, ont été tout bonnement évincés d’un tournage en cours, pour des raisons allant de l’incompatibilité artistique aux tensions en coulisses. Voici cinq histoires bien réelles, loin des rumeurs, où des stars se sont fait remercier souvent brutalement.

Sara Forestier dans Bonhomme

Sara Forestier dans Suzanne
© Mars Distribution

L’affaire dite de « la gifle » a secoué le cinéma en 2017, après un incident sur le tournage du film Bonhomme de Marion Vernoux. Ana Girardot y tient le rôle principal aux côtés de Nicolas Duvauchelle, mais à l’origine, c’est Sara Forestier qui devait l’interpréter. Elle a été renvoyée après trois jours, à la suite d’un échange tendu avec Duvauchelle.

Des journaux rapportent que l’actrice aurait giflé son partenaire. Pourtant, dans Paris Match, elle affirme : « Malheureusement, ce qui a été très dur, c’est qu’en réalité c’est moi qui me suis pris la baffe ! (…) et on a retourné l’incident contre moi. » Devant une commission d’enquête en 2024, elle détaille : « Il me dit ‘pousse-toi ou je vais te gifler’. (…) il monte dans les tours et il me gifle. Je me prends cette gifle, je hurle et je demande immédiatement à ce qu’on m’emmène à l’hôpital. »

Interrogé en 2018, Duvauchelle déclare simplement à Pure People : « Elle dit la version qu’elle veut. Moi, je suis droit dans mes bottes. »

Pierre Richard dans L’Aile ou la Cuisse

film le jouet, pierre richard
© AMLF

La comédie culte qui unit Louis de Funès et Coluche est un classique quand vient Noël. Mais L’Aile ou la Cuisse aurait pu être très différent. En effet, pour incarner le rôle de Gérard Duchemin, fils de Louis de Funès, c’est Pierre Richard qui avait été choisi. Mais un mois avant le tournage, il annonce au réalisateur, à la production et à Louis de Funès son départ du projet, jugeant le scénario trop éloigné de ce qu’on lui avait proposé au départ. « J’ai été déçu par mon rôle. (…) J’ai senti que si j’acceptais, j’aurais eu l’impression d’aller à l’usine« , explique-t-il. Malgré un cachet très élevé et son « envie de tourner avec de Funès« , il n’est pas convaincu et préfère se lancer dans Le Jouet.

Face à ce désistement, Claude Zidi propose le rôle à Coluche, que le réalisateur décrit en entretien avec Télé 7 Jours en 2015 comme « un drôle d’acteur que j’avais vu dans une pièce confidentielle intitulée Thérèse est triste« . Un choix très risqué à l’époque, alors que l’humoriste montant divise l’audience et n’attire pas en salles, en témoigne l’échec de son précédent film Les vécés étaient fermés de l’intérieur. Zidi et le producteur Christian Fechner soumettent le nom de Coluche à Louis de Funès, alors en convalescence après deux infarctus. D’abord sceptique, l’acteur est convaincu par son fils Olivier, qui trouve Coluche plus drôle que son père. Un dîner plus tard, le duo culte est validé, et le film classique qu’on connait naît.

Antoine de Caunes et Jean-Pierre Castaldi dans San Antonio

Jean-Pierre Castaldi dans La Boum
© Gaumont Distribution

L’adaptation en 2003 des célèbres romans San-Antonio aurait pu marquer un tournant dans le cinéma français. Doté du plus gros budget jamais accordé à un premier film (23 millions d’euros), le projet partait pourtant sur de bonnes bases. Mais dès l’annonce du tournage, les ennuis s’enchaînent.

Initialement pressenti pour le rôle-titre par le réalisateur Laurent Touil-Tartour, Antoine de Caunes est écarté au profit de Gérard Depardieu, choix de la production. Puis Jean-Pierre Castaldi est engagé pour incarner Bérurier, le fidèle acolyte. Sauf que trois semaines avant le tournage, Depardieu décide de changer de rôle : il veut finalement jouer Bérurier. Castaldi est évincé, et Gérard Lanvin hérite du rôle principal. Après quelques jours de tournage, le chef opérateur Pierre-William Glenn, proche du réalisateur Laurent Touil-Tartour, est remercié. Bientôt, c’est le réalisateur lui-même qui est débarqué, remplacé par Frédéric Auburtin. Résultat : scénario réécrit, ton modifié, et un film profondément transformé.

Ce remaniement brutal provoque une série de départs : Marianne James, Natacha Lindinger et Jean-Michel Martial claquent la porte en solidarité avec Touil-Tartour ou par désaccord avec la nouvelle direction. Gérard Lanvin, lui, ira jusqu’à renier le film après sa sortie.

Claude Berri, producteur du projet, admettra plus tard dans Le Journal du Dimanche que San-Antonio est son seul regret en carrière.

Jean Lefebvre dans Le Gendarme et les Extraterrestres

Louis de Funès et Jean Lefebvre dans Le Gendarme se marie.
© SNC

Alors qu’il tenait le rôle important du gendarme Fougasse dans quatre films de la saga du Gendarme, les fans ont été surpris à la sortie du Gendarme et les Extraterrestres de ne pas retrouver Jean Lefebvre dans son rôle iconique. Pour cause, l’acteur a été écarté avant même le début du tournage. La production ne l’a pas contacté à cause de tensions sur les plateaux entre lui et Louis de Funès.

Dans son autobiographie Les Rôles de Ma Vie, Michel Galabru, qui joue l’adjudant Gerber dans la saga Le Gendarme, raconte : « Jean Lefebvre ne cachait plus sa jalousie envers Louis de Funès (…) Il prétendait que de Funès avait fait couper plusieurs de ses scènes. Lefebvre avait un caractère curieux, avec une tendance à réclamer un peu continuellement ». Des tensions sous-jacentes tout au long de la saga, qui avait déjà explosé lors de la première du troisième film où les scènes du gendarme Fougasse ont été coupées au montage.

Le réalisateur Jean Girault a répondu à l’acteur par le biais d’un communiqué : « Jean Lefebvre prétend, avec l’audace des médiocres, que je lui ai coupé ‘toutes les scènes où il avait une chance d’écraser Fufu’. Je pense, personnellement, que je lui ai rendu un fier service en lui évitant des comparaisons désagréables. Lorsque M. de Funès est sur un plateau, il répète 10, 20, 50 fois la scène qu’il a à tourner. M. Lefebvre, lui, arrive en donnant l’impression déplorable à toute l’équipe technique qu’il n’a jamais rien lu du scénario. À vous de juger ». Les deux acteurs finiront par se réconcilier des années plus tard.

Serge Reggiani dans L’Enfer

Serge Reggiani dans l'émission Cinépanorama
© INA

L’histoire du film d’Henri-Georges Clouzot est… compliquée. Veuf et récemment remarié, le réalisateur de 56 ans à l’époque veut faire un drame introspectif sur la jalousie, inspiré de sa relation avec sa première épouse. Pour les rôles du couple principal, il choisit avec son assistant réalisateur Costa-Gavras l’actrice Romy Schneider et l’acteur Serge Reggiani. Le tournage débute en juillet 1964, mais il s’apparente plus à un cauchemar sans fin pour les membres du projet.

Dans son documentaire L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot sorti en 2009, Serge Bromberg revient sur ce film jamais sorti. Il décrit un tournage tyrannique avec un Clouzot perfectionniste à l’extrême. Les 150 techniciens et les acteurs sont poussés à bout par les exigences du réalisateur et ses envies d’expérimentation. Les choses vont si loin que Serge Reggiani tombe en dépression et quitte le tournage en prétextant une fièvre de Malte. Son remplaçant, Jean-Louis Trintignant, reste sur le plateau durant une semaine mais n’aura pas le temps de tourner de scènes. Henri-Georges Clouzot meurt quelques semaines plus tard d’un infarctus. Avant son décès, il déclarait au Nouvel Obs en novembre 1964 : « Mon film L’Enfer est dans le pourquoi ? Parce que je suis tombé malade. Pourquoi ? Parce que la journée de tournage de L’Enfer coûtait si cher que j’étais obligé, pour couvrir les frais, de travailler à deux équipes au minimum seize heures par jour. Je ne vois pas bien qui aurait résisté. »

Khalil Auguste Ndiaye

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