Ainbo, princesse d’Amazonie : Richard Claus, « Je crois que notre héroïne peut être un modèle pour les filles d’aujourd’hui » (INTERVIEW)

Ainbo, princesse d’Amazonie : Richard Claus, « Je crois que notre héroïne peut être un modèle pour les filles d’aujourd’hui » (INTERVIEW)

Présenté en avant-première au festival international du film d’animation d’Annecy, Ainbo, princesse d’Amazonie suit l’aventure d’une jeune fille de la forêt, déterminée à sauver son peuple et sa terre natale. Un voyage au cœur de l’Amérique du Sud, aussi engagé que magique. Rencontre avec le co-réalisateur allemand, Richard Claus. 

Enfant d’Amazonie, Ainbo rêve, à 13 ans, de devenir la plus grande chasseuse de Candamo. Intrépide et courageuse, elle arpente la forêt, désireuse d’en découvrir les moindre secrets et va vite découvrir qu’elle n’est pas la seule à en convoiter les richesses. Entre déforestation et orpaillage, les attaques lancées contre sa terre sont nombreuses et menacent de plus en plus l’équilibre de la jungle. La jeune fille va donc devoir redoubler de bravoure et de détermination pour préserver sa culture et la nature dans laquelle elle a grandi.

Ainbo, princesse d'Amazo
© Le Pacte

Comment est né ce projet et pourquoi vous a-t-il particulièrement séduit ?

L’idée originale vient de nos partenaires péruviens. C’est en réalité une histoire très personnelle pour eux. Les trois frères Zelada, avec lesquels j’ai travaillé – le co-réalisateur, José, et deux producteurs – sont nés d’une mère indigène et d’un père européen. Le scénario d’Ainbo – qui veut dire « fille » dans la langue locale – est ainsi basé sur des contes traditionnels que leur mère leur a racontés pendant leur enfance. Ils ont donc imaginé le film, bien avant que je rejoigne le projet.

C’est lors d’un déjeuner avec Edward Noeltner, le producteur exécutif, que j’ai découvert les premières images d’Ainbo. Il me les a simplement montrées parce qu’il en était très fier et j’ai immédiatement été impressionné par leur qualité. Alors, quelques heures plus tard, dans le TGV du retour, je l’ai appelé et je lui ai dit que je voulais en faire partie. J’étais vraiment très attiré par l’idée que ce soit une jeune héroïne, une fille de couleur qui avait un message environnemental très important à transmettre, sans oublier le fait que c’est également un grand divertissement. C’est une aventure, c’est magique, c’est tout ce que l’on veut offrir à un public familial.

Ainbo, princesse d'Amazonie
© Le Pacte

Le film parle de la protection de l’Amazonie. Pourquoi est-ce un sujet important pour vous ?

Pour les mêmes raisons que tout le monde, je pense. Certaines personnes ne se tiennent pas tellement informées de la crise environnementale, mais je m’intéresse énormément au sujet. Je pense que c’est un problème majeur qui touche actuellement la planète et nous y contribuons tous. Nous, les Européens, oublions bien souvent que nous vivons aujourd’hui là où il y avait d’immenses forêts auparavant. Avec les villes, nous dévastons les rivières naturelles, la nature originelle, la faune et la flore… Nous sommes les plus gros destructeurs de la Terre depuis des centaines d’années.

Le film contient aussi une grande part de magie. Pourquoi la forêt amazonienne inspire-t-elle autant d’éléments fantastiques ?

Dans toutes les cultures, il y a des contes de fées, il y a de la magie, du mystique. On trouve cela partout. Nous, nous ne sommes pas des créateurs, mais des narrateurs. On raconte des histoires, donc nous essayons toujours de trouver un angle pour que le sujet intéresse le public, sans trop l’ennuyer avec la science ou la théorie. Je pense que c’est essentiel d’écrire des articles et des journaux sur la crise environnementale, mais ce n’est pas notre travail à nous. Notre travail est de divertir les gens. Si cela est possible, nous ajoutons donc un important message à travers le film et nous le livrons, je crois, ici avec assez de succès.

Ainbo, princesse d'Amazo
© Le Pacte

Ainbo est une jeune indigène née au cœur de la forêt. Elle possède donc une culture forte de traditions ancestrales et reste pourtant très contemporaine. Pourquoi ce personnage est-il aussi moderne ?

Je pense que nous vivons actuellement une période où les femmes et les gens de couleurs se battent pour faire entendre leur voix. Cela aurait dû se produire plusieurs siècles auparavant, mais mieux vaut tard que jamais… Notre héroïne, Ainbo, s’impose ainsi comme un vrai modèle pour les filles d’aujourd’hui. « Croyez en vous, soyez fortes, ne pensez pas que les autres vont le faire pour vous », c’est le message que délivre le film. Je suis d’ailleurs particulièrement satisfait de la conclusion que nous avons choisie. Les personnages l’expliquent très bien. Il ne faut pas se reposer sur la magie, ni sur les autres, il faut agir soi-même. Et je crois qu’Ainbo et Zumi incarnent bien ce pouvoir féminin, ce qui est très moderne.

Vous vous êtes principalement occupé de l’animation du film. Y-a-t-il un personnage ou une scène que vous vous êtes particulièrement amusé à mettre en action ?

Les animaux qui parlent, évidemment ! On a beaucoup plus de liberté avec eux. Les personnages humains exigent plus de réalisme, car on attend d’eux qu’ils agissent et réagissent comme de véritables personnes. Avec les animaux, au contraire, on peut se laisser aller. C’est pour cela qu’animer Dillo et Vaca, les guides spirituels d’Ainbo, était particulièrement intéressant…et les tortues aussi ! Après coup, je pense d’ailleurs que nous aurions dû intégrer davantage de ces petites tortues dans le film, parce qu’elles sont trop mignonnes ! (rires)

Ainbo, princesse d'Amazo
© Le Pacte

Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de votre film ?

J’espère d’abord qu’ils vous beaucoup s’amuser et qu’ils vont profiter de l’aventure. On leur propose ici un véritable voyage. Ainbo est en plein voyage, Zumi la suit, donc tout le monde prend part à l’expédition. C’est un divertissement amusant. J’espère que les gens seront heureux en quittant la salle, qu’ils se diront qu’ils ont vécu une belle odyssée et surtout que notre petit message environnemental les aura touché.

Découvrez Ainbo, princesse d’Amazonie à partir du 14 juillet au cinéma.

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste - Secrétaire de rédaction

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