Amsterdam : une fresque en demi-teinte pour un David O. Russell haut en couleur

Amsterdam : une fresque en demi-teinte pour un David O. Russell haut en couleur

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Sept ans après Joy, David O. Russell revient au cinéma avec Amsterdam, sa nouvelle fresque historique de l’entre-deux-guerres. Un thriller policier aux notes humoristiques, qui suit les règles académiques sans jamais tenter de les contourner. 

Le soleil rouge de pamplemousse, le mouchoir, quand tu appelles… Née de l’esprit enfantin et absurde de Burt et Harold, deux soldats américains envoyés en France pendant la Première Guerre mondiale, cette chanson insensée donne le ton. A l’image de ces deux chanteurs amateurs, David O. Russell avait toutes les cartes en mains pour réaliser une œuvre transcendante, mais a eu du mal à assembler tous les éléments pour en faire un objet cohérent.

David O. Russell pédale dans le vide avec Amsterdam

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© 20th Century Studios

Inspiré de faits réels survenus pendant la période d’entre-deux-guerres, le sujet ne manquait pourtant ni d’attrait ni de mystère. Après avoir refait leur vie en tant que médecin et avocat, deux amis vétérans se retrouvent plongés au cœur d’une affaire de meurtre, dont ils ne tardent pas à devenir les suspects principaux. Dès lors, ils vont devoir mener leur propre enquête afin de blanchir leur nom et faire la lumière sur le sombre complot qui menace l’Amérique. De quoi attiser la curiosité des spectateurs donc, en leur offrant un thriller d’époque palpitant, fait de secrets d’Etat, de manipulations militaires et d’idéologie dangereuse. Néanmoins, si l’idée est bonne, sa mise en œuvre est un peu moins convaincante. 

Coincé dans un film policier académique sans trop de rebondissements ni beaucoup de relief, le cinéaste américain ne réussit pas à captiver et à surprendre comme il avait si bien su le faire dans le passé. Sans être fastidieux, Amsterdam manque ainsi de ce petit grain de folie qui nous avait tant séduit dans Happiness Therapy. Le scénario n’est ni ébouriffant, ni troublant, ni bouleversant. Il n’est pas, en quelque sorte. Linéaire et souvent trop attendu, il n’apporte pas les frissons et les retournements de situation tant espérés et se contente de narrer une histoire d’assassinat un peu simple et formelle – malgré quelques traits d’humour bien sentis – quand tout autour d’elle se prêtait à plus de fantaisie. 

Grands acteurs, petits personnages

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© 20th Century Studios

Avec un casting 5 étoiles à décroisser la lune, Amsterdam avait largement de quoi briller en terme d’interprétations. En mettant Christian Bale, John David Washington et Margot Robbie en tête d’affiche, David O. Russell nous faisait la promesse d’un véritable feu d’artifice. La réalité tient davantage du pétard mouillé, mettant en lumière des comédiens trop grands pour des personnages trop petits. Tout au long du film, chacun essaie ainsi d’étoffer sa personnalité en redoublant de créativité et d’humour au niveau de son jeu, mais l’écriture des protagonistes est un peu étriquée pour l’étendue de leur audace. Les acteurs n’arrivent donc jamais vraiment à briser ce ton scolaire, et proposent alors une performance soignée sans faire d’éclat. 

Il en va de même pour les seconds rôles, également portés par des grands noms d’Hollywood. Robert de Niro, Rami Malek, Anya Taylor-Joy, Matthias Schoenaerts, Alessandro Nivola ou encore Chris Rock, tous récitent leur texte avec envie, mais restent dans la sobriété décevante visiblement de rigueur pour ce film. En conclusion, si David O. Russell nous montrait, avec Amsterdam, des dents à croquer la fortune, il semblerait que le cinéaste se soit finalement fait dévorer par l’ampleur du projet. 

Découvrez Amsterdam au cinéma à partir de ce mardi 1er novembre 2022.

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste

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