Elio : la sérieuse obsession cinéma de la semaine
Publié le Par Alexia Malige

Après avoir enchanté le monde entier avec Vice-Versa 2, les studios Pixar reviennent sur le devant de la scène avec le film Elio. Une aventure intergalactique et pleine d’émotions où un petit garçon marginal va tenter de fuir la Terre afin de trouver sa place parmi les extraterrestres.
C’est quoi ?

Après la mort de ses parents, le petit Elio ne se sent plus à sa place sur Terre. Recueilli par sa tante Olga, qui fait au mieux pour jongler entre son travail et sa nouvelle vie de parent, le jeune garçon s’isole de plus en plus, se réfugiant dans l’espace, où il croit dur comme fer qu’un bel avenir l’attend. Convaincu que son existence sera meilleure sur une autre planète, Elio rêve donc de se faire enlever par les extraterrestres et appelle, tous les jours, ces derniers au kidnapping. Et si son obsession pour le ciel en fait ricaner certains, tout bascule le jour où des aliens finissent par enlever Elio pour de vrai.
Y’a qui ?

A l’origine, Elio devait être réalisé par Adrian Molina, qui a d’ailleurs longtemps travaillé sur le projet, mais des conflits d’emplois du temps et autres problèmes internes et mystérieux sont venus bousculer les choses, conduisant les réalisatrices Madeline Sharafian (Mon Terrier) et Domee Shi (Alerte Rouge) à récupérer les commandes du projet. « C’était un défi, mais c’était aussi très excitant, car aucune de nous deux n’avait jamais réalisé de film de science-fiction », nous a expliqué Domee Shi dans le cadre du festival d’Annecy.
« Nous adorons la SF et c’était très amusant de plonger dans ce genre-là et de pouvoir s’amuser avec cet univers ». Très enthousiastes à l’idée de travailler sur le long-métrage, les deux cinéastes ont donc repris les bases de ce qui avait déjà été fait, tout en infusant leurs propres idées et leur propre style. « Nous avons trouvé notre chemin vers Elio en développant son obsession pour les aliens et l’espace. Nous avons conservé le concept d’Adrian de ce petit garçon enlevé par les extraterrestres et pris par erreur pour le leader de la Terre, mais nous avons pensé : ‘Et s’il avait envie d’être enlevé ?’ ».

C’est donc comme cela que l’histoire a changé de direction pour devenir encore un peu plus drôle et profonde, faisant d’Elio un personnage des plus singuliers. Adrian Molina reste malgré tout crédité pour le scénario et la co-réalisation, ayant tout de même participé à l’élaboration de l’histoire et au développement du film.
Du côté du casting vocal, on retrouve les jeunes comédiens Yonas Kibreab et Remy Edgerly dans les rôles de Elio et Glordon, puis Brad Garrett, Zoe Saldaña, Shirley Henderson ou encore Brendan Hunt dans le reste de la distribution. En version française, ce sont Nathan Dupont et Noé Richard qui reprennent les personnages des enfants, accompagnés ensuite par Zita Hanrot, Alban Lenoir et Jamy Gourmaud.
C’est un peu comme…

Mêlant drame et science-fiction, Elio peut faire, d’une certaine manière, penser à E.T. de Steven Spielberg, où un jeune garçon se lie d’amitié avec un extraterrestre arrivé sur Terre par erreur. Une relation inédite et non conventionnelle, qui a tout pour faire fondre le coeur des spectateurs. Mais entre le contexte familial difficile et le sentiment de solitude ressenti par le héros, c’est avant tout à Lilo & Stitch que le film ressemble le plus. Ayant perdu ses deux parents alors qu’il était encore petit, Elio a traversé des épreuves très difficiles dès son plus jeune âge et s’est, comme Lilo, senti abandonné.
N’arrivant pas à se faire des amis et ayant l’impression d’être un fardeau pour leurs tutrices respectives, les deux enfants se tournent tous les deux vers la seule chose qui semble en mesure de les accepter et de les aimer tels qu’ils sont : les extraterrestres. Et c’est d’ailleurs cette solitude, qui a permis aux réalisatrices de vraiment comprendre Elio et de se connecter à lui et son histoire.

« Ca a été notre point d’entrée vers Elio », a précisé Madeline Sharafian au micro de Serieously. « Il se sent seul, marginal, et en tant qu’enfants passionnées par l’art, c’était également difficile pour nous de nous faire des amis et ce que nous voulions vraiment, c’était trouver un endroit auquel nous avions le sentiment d’appartenir. Pour nous, ça a été l’école d’animation. Quand nous avons enfin été acceptées là-bas, tout à coup, nous nous sommes retrouvées dans une classe pleine de personnes comme nous. C’est pour ça que venir à Annecy est aussi amusant : tous les gens présents sont juste des nerds comme nous ! (Rires) Et quand vous trouvez les bonnes personnes, ensuite vous pouvez vous ouvrir un peu plus. Et pour Elio, entrer dans le Comunivers est une sorte de miroir de notre expérience ».

Si l’aspect relationnel et émotionnel renvoie donc à l’histoire de Lilo et Stitch, la trame prend en revanche la direction opposée, puisqu’à l’inverse de Lilo, Elio n’accueille pas un alien sur Terre, mais part lui-même dans l’espace. On suit donc l’extraordinaire périple intergalactique du petit garçon, qui va ainsi faire de nombreuses rencontres surprenantes, dont celle de l’adorable Glordon avec lequel il va tisser une jolie amitié. Un voyage haut en couleur (et en texture), peuplé de très nombreuses créatures uniques et rigolotes, qui a le mérite de nous offrir un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler l’univers si une autre forme de vie venait à prendre contact avec les humains.
Le détail qui change tout ?

Alors que seuls deux films d’animation (sur la trentaine existante) avaient jusque là été co-réalisés ou réalisés par des femmes (Rebelle et Alerte Rouge), Elio est le tout premier film Pixar a être co-réalisé par deux femmes. Une première fois qui ne passe pas inaperçu dans le paysage de l’animation et qui souligne la volonté des studios d’évoluer en donnant davantage de responsabilités aux femmes. « J’ai effectivement senti un changement ces derniers temps », a confirmé Domee Shi, heureuse de constater que les choses s’améliorent.
« Quand j’ai rejoint Pixar il y a 14 ans en tant que dessinatrice de storyboard, il n’y avait peut-être que quatre ou cinq femmes avec moi, mais maintenant ce nombre a doublé, voire triplé. On arrive presque à du 50/50. Il y a encore du travail pour ouvrir des portes vers la réalisation, mais je pense que nous sommes sur la bonne voie. Et je suis très heureuse de voir que dans les écoles d’animation, 50% des étudiants ou plus sont des filles aujourd’hui. Je pense que nous allons donc les voir de plus en plus occuper des postes importants ».
Un constat corroboré par Madeline Sharafian, qui espère que l’arrivée des femmes à la réalisation va permettre d’inspirer les jeunes filles à l’avenir. « Quand j’étais à l’école, il n’y avait aucune femme réalisatrice que je connaissais, donc ce n’était pas un objectif pour moi, parce que vous savez, pourquoi y aurais-je pensé ? Mais maintenant qu’il y en a de plus en plus, j’espère que les étudiantes s’autoriseront à rêver à ce genre de poste ». A noter toutefois que les cinq prochains films d’animation Pixar seront tous, sans exception, réalisés par des hommes, preuve que le chemin est encore long avant d’arriver à une réelle parité.
Découvrez Elio au cinéma dès ce mercredi 18 juin 2025.

Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction