Channel Zero : notre interview de Nick Antosca, créateur de la série horrifique

Channel Zero : notre interview de Nick Antosca, créateur de la série horrifique

Channel Zero débarque le mardi 21 novembre sur SyFy France avec sa deuxième saison No-End House. Serieously a pu discuter avec Nick Antosca, créateur de cette anthologie horrifique.

Savez-vous ce que sont les creepypastas ? De courtes légendes urbaines créées sur internet, dans le but de créer l’effroi chez les lecteurs, et existent sous plusieurs formes : récits, images, vidéos, sons. Le terme est apparu peu avant 2010, et Nick Antosca, grand fan d’horreur, a décidé d’en faire une série anthologique pour la chaîne SyFy : Channel Zero. Déjà renouvelée pour 4 saisons, elle arrive en France le 21 novembre avec sa saison 2 ‘No-End House’, qui sera suivie directement par la saison 1 ‘Candle Cove’.

Rencontre avec Nick Antosca.

D’où est venue l’idée « Channel Zero » au départ ?

Channel Zero c’est avant tout une opportunité fantastique. J’ai reçu un coup de téléphone un jour et la personne au bout du fil m’a demandé si je savais ce qu’étaient les creepypastas et Candle Cove notamment. J’ai répondu : ‘oui je connais très bien, je suis un grand fan d’horreur et un lecteur assidu des courtes histoires d’horreur et je l’ai été toute ma vie’. Et ajouté que Candle Cove pouvait faire une série TV, mais qu’elle serait encore meilleure parmi plusieurs autres histoires, avec chaque saison adaptant un creepypasta différent. C’est un rêve pour moi parce que chaque saison nous créons un long film d’horreur indépendant. Ce qui nous permet de faire des choses différentes, d’explorer plusieurs idées, des styles visuels. Et j’ai aussi un contrôle créatif total, ce que je n’aurais pas vraiment si je réalisais un film.

C’était donc plus facile et logique pour vous d’utiliser vos idées avec une anthologie ?

J’ai écrit toute ma vie d’adulte, et comme tous les scénaristes j’ai une tonne d’idées, plus que je ne pourrais utiliser. Et ce qui est génial avec les creepypastas, c’est que ce sont de super idées intégrées dans un texte court, donc nous avons un formidable matériau de base et nous avons beaucoup de marge pour inventer et ajouter nos idées. Le fait que ce soit une anthologie veut dire que tous les neuf mois nous pouvons explorer différents territoires.

Vous rappelez vous la première fois que vous avez lu des creepypastas ? Qu’est ce que vous aimez dans ces récits ?

Je ne me souviens plus, mais cela devait être il y a 10 ans, c’est au moment où j’en avais entendu parler pour la première fois. Mais c’est un phénomène moderne et récent dans le genre horrifique, et c’est ce que j’aime à propos de l’horreur, cela peut prendre plusieurs formes, il n’y a personne pour te dire ce que tu dois faire ou ne pas faire. C’est véritablement organique, c’est un très beau virus qui se propage. Et ça peut toucher tout le monde, par une image, un concept, une sorte de familiarité. C’est un genre qui évolue constamment.

« vous ne pouvez pas avoir confiance en ce que vous pensez être la réalité »

Quel défi cela représente d’adapter ces courtes histoires en heures de télévision ?

C’est vraiment excitant, parce que j’assemble plusieurs très bons scénaristes d’horreur et nous choisissons les histoires qui nous plaisent vraiment, celles avec lesquelles on peut le plus s’amuser, ajouter nos idées, celles qui deviendraient un excellent concept d’horrifique. Et on construit à partir de là, on cherche s’il y a des métaphores, on développe des personnages et un univers tout autour de l’histoire.

Dans le cas de No-End House (la saison 2 de Channel Zero, ndlr), j’adore la maison en elle même, mais le plus unique et intéressant à son propos c’est ce qui se trouve à l’intérieur de ses pièces et du fait que tu penses être sauf en quittant la demeure, avant de te rendre compte que tu y es toujours. Et là, vous ne pouvez pas avoir confiance en ce que vous pensez être la réalité. C’est la fondation d’une grande histoire d’horreur existentielle. C’est une métaphore pour une personne qui doit réussir à définir sa relation avec le monde qui l’entoure, essayer de s’échapper d’une situation dans laquelle elle est enfermée.

Comment choisissez-vous celles que vous allez adapter ?

On fait d’abord une liste, puis on voit celles qui ont un potentiel, avec un concept qui permet d’ouvrir tout un univers. Puis on cherche les auteurs de ces histoires, et si on ne les trouve pas, on ne peut pas adapter leur histoire, parce qu’on doit les payer pour les droits et pour pouvoir utiliser leur oeuvre, ainsi que les créditer. Et le problème c’est que de très nombreuses histoires sont anonymes et parmi elles, il y en a que j’aime vraiment, mais il m’est impossible de les adapter

Est-ce plus logique pour vous de faire une série d’ambiance, avec une violence mentale plus que physique ?

Je n’ai pas de problème avec le gore, cela ne me dérange pas, mais ce n’est pas la raison pour laquelle je regarde des films d’horreur, ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus. Je préfère largement la tension psychologique, la progression de la terreur et des personnages nuancés. L’intention de départ était de créer un monde qui ressemble au notre (toujours concernant No-End House, ndlr) mais qui possède une atmosphère étrange, surréaliste et menaçante. Et c’est ce que nous avons réussi à créer, par l’écriture, les décors, la réalisation.

Romain Cheyron

Romain Cheyron

Journaliste

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