Tropiques Criminels : Sonia Rolland, « C’est important de défendre un point de vue juste sur la société » (INTERVIEW)

Tropiques Criminels : Sonia Rolland, « C’est important de défendre un point de vue juste sur la société » (INTERVIEW)

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Menée par un étonnant duo de femmes policières, Tropiques Criminels revient sur France 2 dès ce vendredi 19 février. Entre meurtres, enquêtes palpitantes et décors paradisiaques, la saison 2 nous plonge à nouveau dans les secrets les plus sombres de la Martinique. L’occasion pour Serieously d’échanger avec Sonia Rolland, l’une des stars de la série. 

Si la saison 1 de Tropiques Criminels marquait la rencontre explosive entre la commandante Mélissa Sainte-Rose (Sonia Rolland) et la capitaine Gaëlle Crivelli (Béatrice de la Boulaye), les nouveaux épisodes proposent un ton plus doux, sans pour autant perdre en saveur. Les deux femmes collaborent toujours avec difficulté et tension, mais parviennent également à apprendre l’une de l’autre pour s’améliorer dans leur vie professionnelle, comme personnelle. La dimension conflictuelle de ce binôme détonnant perd ainsi du terrain, pour en laisser davantage aux sujets de société complexes et brûlants. Le tout avec un humour singulier, toujours aussi présent.

Vous reprenez ici le rôle de la commandante Mélissa Sainte-Rose. Ce personnage vous avait-il manqué ?

Ah oui ! Ah oui, oui ! Parce que c’est un exutoire Mélissa ! (rires) Elle vit les mêmes problématiques que moi. C’est-à-dire que dans son travail, elle mène très bien sa barque. Elle est hyper concentrée, elle s’entoure bien, elle fait confiance à ses collègues, mais dans sa vie privée, c’est hyper dissolu. Elle fait face à sa fille, qui commence à exprimer toutes les frustrations de son adolescence et si je fais le parallèle, c’est pareil pour moi. J’ai une fille de 14 ans, qui est dans la même situation. C’est en ça que je me demande si c’est moi qui nourris le personnage ou si c’est le personnage qui me nourrit.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement intéressée dans le projet de saison 2 de Tropiques Criminels ?

Ce qui est intéressant dans la deuxième saison, c’est que Gaëlle est partie pendant 5 mois, après avoir fait un burn out, ce qui a laissé de l’espace à Mélissa pour s’intégrer à son environnement. On découvre alors une autre commandante Sainte-Rose, un peu plus libre, un peu plus badass, un peu plus proche de ce que pouvait être Crivelli. Cette dernière, à l’inverse, revient avec un peu plus de sagesse, même si elle reste encore…Crivelli. Le loup perd ses poils, mais pas sa faim ! (rires) Elles deviennent donc très complices. Avant, elles étaient dans une sorte de compétition, de confrontation permanente, qui faisait rire parce que les situations étaient drôles, mais là, la complicité devient très touchante, bien qu’elles gardent chacune leur position.

Tropiques Criminels saison 2
© France 2

Quelle évolution a subi le personnage de Mélissa entre les deux saisons ?

En fait, rien n’évolue vraiment dans sa vie privée. Il y a pleins de rebondissements, mais sur le plan moral, elle reste toujours aussi impuissante face aux imprévus de la vie. Elle improvise, elle prend les choses avec beaucoup de philosophie, ce qui n’est pas forcément mon cas à moi dans ma vie privée. (rires) Mais je la trouve vraiment sage dans sa manière d’absorber tous les déséquilibres de son existence. Son ex-mari arrive de manière impromptue et l’on comprend très vite pourquoi elle l’a quitté. C’est un adulescent qui est complètement irresponsable… On se rend donc compte qu’elle aime l’humanité autour d’elle. C’est une femme qui a de l’empathie et on comprend pourquoi elle a fait autant d’erreur de casting dans sa vie privée.

Justement, dans cette nouvelle saison, Arié Elmaleh débarque et joue votre ex-mari, Franck. Comment s’est passée la rencontre et le tournage avec lui ?

Ça a été une vraie découverte ! C’est un camarade de jeu que je recommande à tout le monde. C’est quelqu’un de très impliqué. Franck est un personnage que je trouve honnête et Arié lui ressemble beaucoup. Pas tant dans la frivolité et le côté maladroit, mais dans la franchise et la tendresse. Il a amené une part de lui dans ce personnage, qui le rend beaucoup plus touchant qu’à l’écriture. Une part de tristesse aussi, celle d’un homme qui n’a pas forcément eu la vie d’artiste qu’il voulait. Il apporte quelque chose d’émouvant qui le rend presqu’indispensable à la série.

Quel a été le plus gros challenge sur cette saison de Tropiques Criminels ?

D’un point de vue pratique, je dirais que le tournage n’a pas été simple. On devait initialement tourner d’avril à juillet, une période météorologique des plus favorables, et en raison de la pandémie, on s’est retrouvés dans la période tropicale. Il y avait la chaleur, l’humidité et le risque de tomber malade aussi. On respectait bien les mesures sanitaires, mais on avait quand même peur de ceux qui arrivaient de la métropole. Finalement, on est complètement passé entre les gouttes ! En revanche, on craignait également le petit moustique qui transmet la dengue. Et j’ai eu raison de m’en inquiéter, puisque je l’ai attrapée, tout comme une partie de l’équipe ! Je suis restée alitée pendant huit jours avec une forte fièvre et le tournage a donc été interrompu. Et ça, c’est lié aussi à la période tropicale avec la prolifération des moustiques.

Tropiques Criminels saison 2
© France 2

Cette saison 2 aborde des thèmes assez forts. Est-ce qu’il y en a un qui vous a particulièrement touchée ?

Oui, il y en a un. C’est la prostitution des hommes. C’est un phénomène qui existe aussi et qu’on nie un peu dans notre société. Comme on sait que c’est un sujet très tabou, comme l’homosexualité ou l’avortement, on a vraiment imposé un regard dans cet épisode-là. D’ailleurs, on laisse ici la place à Julien Béramis, qui incarne Aurélien Charlery, car ce qui est également intéressant dans la série , c’est que certains personnages ont leur épisode. Et là, en l’occurrence, Aurélien a le sien.

Tropiques Criminels est une séries très féministe, est-ce important pour vous de faire passer ce message à travers la fiction ?

Oui et c’est surtout important de défendre un point de vue juste sur la société dont on fait partie. Il faut que l’on s’affranchisse de cette bien-pensance, qui amène à beaucoup de frustrations, quelles que soient les communautés, quels que soient les sujets qu’on aborde aujourd’hui. C’est très polarisé. C’est soit blanc, soit noir. Il y a très peu de discours mesurés et je trouve que Tropiques Criminels nous permet de remettre le curseur au bon endroit. C’est à dire d’avoir toutes les parties qui s’expriment et d’avoir tous les regards posés sur la complexité d’un sujet.

Quels nouveaux projets avez-vous pour les mois à venir ?

J’ai plein de projets et notamment un film sur Miss France que je porte à bras-le-corps depuis 5-6 ans. Là, je commence à y voir plus clair, parce que je suis accompagnée d’un producteur que j’adore, Harold Valentin (Mother Production) et je co-écrit avec Fadette Drouard (Papicha). Je me sens très bien entourée pour cette aventure et je pense que ça va porter ses fruits très vite. On est en train d’adapter le scénario, qui était destiné au cinéma, pour le format télévision et plateforme. Si tout va bien, je devrais tourner à la fin de l’année. Je croise les doigts !

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste

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