La Zizanie : le réalisateur du film avec Louis de Funès accusé de plagiat par Jean-Pierre Mocky
Publié le Par Graziella Polledri
Sorti en 1978, La Zizanie met en avant deux des plus grandes vedettes du cinéma français de la fin du XXème siècle, Annie Girardot dans le rôle de Bernadette Daubray-Lacaze et Louis de Funès dans le rôle de son mari Guillaume. Cependant, l’intrigue ressemble énormément à celle inventée par Jean-Pierre Mocky, qui accuse Fechner de plagiat. Serieously revient sur ce scandale.
La Zizanie, un récit volé par Fechner ?
Dans ce récit tumultueux, l’acteur de La Grande Vadrouille interprète le rôle d’un maire libéral conservateur, propriétaire d’une usine anti-pollution tombée en faillite, jusqu’au jour où une entreprise japonaise lui propose de la sauver. Pour cela, Guillaume doit installer plus de 300 machines, y compris chez lui, ce qui déclenche la colère de sa femme Bernadette. Elle quitte alors le domicile familial et décide de créer un nouveau parti électoral, défiant celui de son mari.
Si le film atteint la neuvième place du box-office français en 1978, il ne plaît pas à tout le monde, et surtout pas à Jean-Pierre Mocky, réalisateur de plus de soixante longs-métrages et de quarante épisodes pour la télévision, qui accuse Claude Zidi et Fechner de plagiat.
Le Boucan, selon Jean-Pierre Mocky
Pour comprendre cette accusation, il faut se replonger en 1977. A la fin des années 1970, Jean-Pierre Mocky, alors connu pour Un drôle de paroissien, vient d’avoir l’idée d’un nouveau projet, intitulé Le Boucan, dans lequel il souhaite réunir Louis de Funès et Annie Girardot. Dans une interview accordée à Allociné en mars 2011, Mocky révèle que Louis de Funès, après avoir vu La Grande Lessive, a appelé le réalisateur pour lui transmettre sa volonté de travailler avec lui. C’est alors que Mocky lui expose le projet qu’il lui réserve depuis deux ans.
Le récit ? Et bien il est très similaire à celui de La Zizanie. En effet, l’histoire met en scène De Funès comme agent d’assurance, qui doit indemniser ses clients, victimes d’un groupe terroriste qui pulvérise leurs machines. En réalité, il s’agit de sa femme qui est à la tête de cette organisation. Intéressé par ce nouveau projet, De Funès se montre très enthousiaste à l’idée de travailler sur celui-ci avec Mocky. Cependant, après beaucoup de travail et de discussions sur le scénario entre les deux hommes, le producteur Fechner annule la production du film. Mocky ne sera d’ailleurs pas payé pour ses ébauches de travail.
Quelle fût alors sa surprise lorsqu’il apprit quelques mois plus tard qu’Annie Girardot et Louis de Funès s’apprêtaient à tourner un film ensemble !
Une zizanie qui termine en poursuite judiciaire
Stupéfait, Mocky entame une poursuite judiciaire à l’encontre de Fechner et de Zidi pour contrefaçon. Questionné sur les dizaines de ressemblances entre Le boucan et La Zizanie, Fechner, producteur du film, explique que ses similitudes sont dues au fond commun de l’intrigue, très généraliste. En outre, Fechner explique que ce scénario n’a rien d’original pour le monde cinématographique.
Mocky souhaite rendre justice à son œuvre et essaye de faire interdire la projection de La Zizanie. Malgré l’obtention de gain de cause, Fechner décide lui aussi de faire appel à la cour. La décision tombe quelques jours plus tard. La Zizanie ne peut être retirée des cinémas car cela impliquerait un désastre économique. Pour rappel, le film a engendré 789 770 entrées pour sa première semaine de sortie en France, diffusée dans 227 cinémas.
L’affaire se termine alors par un accord, proposant à Mocky d’obtenir un financement pour le temps de travail écoulé sur son scénario, en échange d’arrêter la procédure, ce qu’il finit par accepter. Cette décision n’enchante pas Fechner, dont la réputation a été ternie. A la suite de cette affaire, Jean-Pierre Mocky n’arrête pas sa carrière pour autant et continuera de travailler sur d’autres projets, tels que Le Témoin, qui sortira la même année.
Graziella Polledri