Blonde, Buzz l’éclair…10 films qui ont fait polémique en 2022
Publié le Par Alexia Malige
A l’ère des réseaux sociaux et des débats publics simplifiés, il n’est pas rare qu’un film suscite la colère ou l’incompréhension des spectateurs. Violence, homosexualité ou appropriation culturelle, autant de sujets qui font couler de l’encre dans les journaux. Voici les 10 films de l’année 2022 qui ont fait scandale.
Blonde
Sombre, érotique et violent, Blonde a fait couler beaucoup d’encre a sa sortie sur Netflix en septembre dernier. Le film d’Andrew Dominik basé sur le roman de Joyce Carol Oates met ainsi en scène Ana de Armas dans la peau de Marilyn Monroe dans un tumultueux cauchemar qui lui sert d’existence. Entre les scènes d’abus sexuels, de violences physiques et psychologiques, de nombreux spectateurs ont reproché au réalisateur d’avoir dressé un portrait sinistre et scabreux de la célèbre actrice américaine.
Par ailleurs, les défenseurs du droit à l’avortement ont jugé le traitement des grossesses de la star et de leurs interruptions problématique, arguant que le long-métrage se rangeait du côté des partisans du mouvement pro-vie. Une polémique née dans un contexte politique particulier aux Etats-Unis, où la Cour Suprême a révoqué en juin dernier l’arrêt Roe vs Wade, laissant les Etats légiférer eux-mêmes sur le droit à l’avortement.
Buzz l’éclair et la polémique du baiser
En mars dernier, les employés de Pixar dénonçaient une importante censure de leurs films concernant les gestes d’affection entre deux personnages de même sexe. Dès lors, les studios avaient réagi en réintégrant un baiser entre deux femmes, qui avait été coupé, dans le film Buzz l’éclair. Cette scène entre Alisha Hawthorne et sa compagne a donc été conservée dans le long-métrage final, ce qui a conduit à une nouvelle polémique chez les conservateurs et dans une quinzaine de pays d’Asie et du Moyen-Orient, où le film a tout simplement été interdit.
Face à cette nouvelle vague de scandale, le comédien Chris Evans, qui prête ses traits au Ranger de l’espace, s’était exprimé au micro de Reuters sans mâcher ses mots : « La vérité est que ces gens sont des idiots. Chaque avancée sociale de l’histoire américaine et de l’histoire de l’humanité est un signe d’évolution et c’est ce qui nous rend meilleurs ». De quoi promettre davantage de représentation LGBTQ+ dans les films d’animation et au delà !
Don’t Worry Darling et les mille polémiques
Un roman ne suffirait sans doute pas pour raconter les nombreuses rumeurs, polémiques et scandales qui ont éclaboussé la promotion du film d’Olivia Wilde durant les quelques mois qui ont précédé sa sortie au cinéma. Entre les conflits présumés sur le plateau, les mensonges à la presse, les histoires d’amour, d’infidélité et de crachat, Don’t Worry Darling a passionné les foules pendant de très longues semaines, avec une apogée à la Mostra de Venise, où la présentation du long-métrage a sombré dans le chaos.
Ainsi, alors que les fans avaient noté depuis un moment le manque d’implication de Florence Pugh dans la promotion du film, des bruits de couloir ont commencé à courir au sujet de grosses disputes entre la comédienne et la réalisatrice. Des disputes notamment liées à la relation amoureuse que la cinéaste aurait commencé à entretenir avec le chanteur Harry Styles pendant le tournage, alors qu’elle n’avait pas encore divorcé avec Jason Sudeikis.
Par ailleurs, après qu’Olivia Wilde a expliqué avoir remercié Shia LaBeouf car sa manière agressive de préparer le rôle de Jack ne permettait pas de créer un « environnement sécurisant » pour le reste de l’équipe, cette dernière a été accusée d’avoir menti. Le comédien a ensuite fourni de nombreux documents – mails et enregistrements vidéo – à Variety, prouvant qu’il s’était retiré de son plein gré en raison de manque de temps pour répéter, mais également qu’une animosité importante régnait entre lui et Florence Pugh.
Enfin, à Venise, la promotion du film s’est clôturée par un événement lunaire, qui a embrasé les réseaux sociaux pendant des jours. Au moment de l’avant-première, une vidéo montrant Harry Styles s’asseoir à côté de Chris Pine a ainsi déchainé les passions sur la toile, le chanteur ayant été accusé d’avoir craché sur les cuisses de son partenaire de jeu. Les deux comédiens ont rapidement démenti avec humour, bien que dans l’esprit de certains, le mystère persiste toujours…
Spencer
Arrivé en janvier 2022 sur Amazon Prime Video, le film biopic sur la princesse Diana réalisé par Pablo Larrain a fait enrager son lot de détracteurs. Et pour cause, les spécialistes royaux n’ont pas du tout apprécié le traitement accordé au personnage incarné par Kristen Stewart. Dès sa sorti en automne 2021 aux Etats-Unis et en Angleterre, les experts de la monarchie britannique se sont offusqués de la manière dont le cinéaste chilien avait dépeint la jeune femme, en proie à de terribles démons.
Solitude, boulimie, automutilation, les dernières vacances de Noël de Diana dans la demeure des Windsor sont marquées, dans le film, par de nombreux actes autodestructeurs de la part de la princesse qui se noie véritablement dans la tristesse et le désespoir. Ce portrait sombre à l’extrême a donc fortement déplu aux défenseurs de Diana, qui ont trouvé que le scénario portait atteinte à sa dignité.
Avatar : La Voie de l’eau
Alors qu’Avatar : La Voie de l’eau a déjà attiré de nombreux spectateurs dans les salles françaises, le film est actuellement dans la tourmente aux Etats-Unis où un appel au boycott a été lancé par Yuè Begay, la co-présidente de l’association Indigenous Pride LA. Cette dernière dénonce ainsi un film problématique, usant d’appropriation culturelle envers les populations indigènes, et le décrit notamment comme « horrible et raciste ». Cette polémique fait également suite au premier volet de la saga, pour lequel James Cameron avait confié s’être inspiré du colonialisme et donc, de l’histoire du peuple amérindien.
Rodeo
Présenté à Cannes lors de la dernière édition du festival, Rodeo a déclenché une véritable tempête médiatique à la suite d’une interview de la réalisatrice Lola Quivoron avec le média Konbini. Au cours de cet entretien, la cinéaste parlait notamment de la pratique du cross-bitume , qu’elle associe à une passion sportive et abordait alors la « criminalisation » de la discipline. « Les accidents, ils sont souvent causés par les flics qui prennent en chasse, qui poussent les riders vers la mort en fait ».
Ces propos avaient alors choqué de nombreuses personnes, à commencer par les syndicats policiers et certaines personnalités politiques, qui s’étaient indignés d’une telle diabolisation des forces de l’ordre. En plein tumulte, la jeune femme avait ensuite tenté d’apaiser les tensions, en expliquant que la pratique qu’elle défendait n’avait rien à voir avec les rodéos urbains et prenait place sur des routes peu fréquentées. Assurant ne pas avoir voulu critiquer la police, la réalisatrice s’était également défendue en mettant en cause le montage vidéo de son interview, qui, selon elle, avait modifié le sens de son discours et donc suscité la polémique.
Athéna
Dans la même mouvance que Les Misérables de Ladj Ly ou Bac Nord de Cédric Jimenez, le film Athéna de Romain Gavras raconte l’embrasement des banlieues face aux forces de l’ordre suite à un bavure policière. Un thème difficile à traiter et sujet à la division, qui a bien entendu soulevé de vives critiques de la part de certains abonnés Netflix. Certains ont alors dénoncé un message « anti-flics », tandis que d’autres regrettaient les trop nombreux clichés sur la banlieue, jugeant les personnages caricaturaux et la violence esthétisée à outrance.
Les Animaux fantastiques : les secrets de Dumbledore
Après avoir essuyé de nombreuses polémiques liées aux tweets de J.K. Rowling, puis au remplacement de Johnny Depp par Mads Mikkelsen, la saga Les Animaux fantastiques a fait face à la censure. La Chine a effectivement demandé à Warner Bros de supprimer deux répliques du film qui suggéraient l’homosexualité du directeur de Poudlard. Ainsi, les phrases « Parce que j’étais amoureux de toi » et « L’été ou Gellert et moi sommes tombés amoureux » ont tout simplement été coupées du long-métrage pour le public chinois.
Mort sur le Nil et les polémiques autour du casting
Si rien dans le film de Kenneth Brannagh n’était particulièrement sujet à polémique, c’est en raison de son casting que le second volet des aventures d’Hercule Poirot s’est retrouvé sous le feu des projecteurs. Avec pour tête d’affiche Armie Hammer, le long-métrage a vu sa sortie repoussée à cause des sombres affaires de harcèlement, viol et cannibalisme en lien avec le comédien américain et n’est arrivé en salles qu’en février 2022, alors qu’il était prévu pour 2021. Par ailleurs, le film a été boycotté par plusieurs pays dont le Koweït, le Liban et la Tunisie en raison du soutien que l’actrice Gal Gadot avait apporté à l’offensive israélienne contre Gaza en 2014.
Avalonia : l’étrange voyage
Une fois encore, ce n’est pas le long-métrage en lui-même qui a suscité la polémique, mais les enjeux autour de sa sortie. Nouveau film d’animation des studios Disney supposé arriver au cinéma pour les fêtes de fin d’année, Avalonia : l’étrange voyage a été privé de sortie dans les salles françaises en raison d’un conflit entre Disney et la France au sujet de la chronologie des médias.
Les studios refusant de se plier à la loi française qui permet uniquement la diffusion d’un film sur une plateforme de streaming 17 mois après la sortie du film en salles, la nouvelle histoire de Qui Nguyen et Don Hall est sortie directement sur Disney+ le 23 décembre dernier. Le début d’un nouveau bras de fer entre les studios et l’Hexagone.
Alexia Malige
Journaliste