Julianna Margulies : "Aujourd'hui, les studios engagent en fonction du nombre de followers"

Julianna Margulies : « Aujourd’hui, les studios engagent en fonction du nombre de followers »

Partage
Lien copié !

L'actrice Julianna Margulies (The Good Wife) est l'une des membres du prestigieux Jury de Series Mania à Lille, présidé par Marti Noxon. Celle qui incarne l'inimitable Alicia Florrick s'est confiée sur ses projets dans une interview très honnête. Rencontre.

Votre nouvelle série The Hot Zone devrait arriver à la fin de l’été en Europe, quel est le regard que vous portez sur ce sujet tout à fait actuel ?

Oui c’est un show National Geographic qui sera montré dans plus de 170 pays à travers le monde. Nous avons fait une série qui est basée sur une histoire vraie, celle de la propagation d’Ebola qui est arrivée en 1989 et depuis rien n’a bougé, il y a eu des centaines de morts du virus d’Ebola dans la République Démocratique du Congo depuis août dernier ! Rien ne change, l’Europe et les États-Unis ne s’en occupent pas car ils pensent que c’est un problème africain.

Cette histoire m’a tenue à cœur même si, j’étais complètement claustro dans ces combinaisons Hazmat (rires) ! Je pense que c’est une histoire très importante et cela continue de m’effarer de voir qu’il existe encore des scientifiques qui nient ce qui se passe. Nous sommes supposés rendre le monde meilleur pour les générations futures, on est juste en train de le foutre en l’air. C’était donc important pour moi de raconter la vie de cette femme, Nancy Jaxx, et peut être que quelqu’un l’écoutera…

Lorsque vous choisissez un rôle, vous attendez qu’il vous laisse une marque comme celui de Nancy ?

J’adore le challenge, mais j’ai joué une infirmière pendant six ans dans un show médical et je n’ai pas voulu en refaire pendant longtemps parce que c’est trop dur ! Pour rendre ça naturel, parfait et si vous ne savez pas de quoi vous parlez, c’est difficile. Vous devez être dans votre personnage, échanger avec votre partenaire, il y a tellement de choses à gérer. Là vous lâchez : (elle mime un faux jargon médical) dans votre combinaison Hazmat avec les petits ventilateurs dans le dos pour l’oxygène qui font du bruit et je ne pouvais plus m’entendre, c’était une vraie torture (rires) ! C’était merveilleux car les gens étaient géniaux mais, Oh mon Dieu. J’ai dit à mon agent que même si Scorsese m’appelle et me propose 5 millions de dollars pour un film avec une combinaison ce sera non ! Le prochain rôle ce sera avec une jupe sur la plage en tongs et au soleil (rires) !

Vous avez porté des personnages tellement fort, Alicia Florrick bien sûr, vous considérez vous féministe, et comment ?

Bien sûr ! Les femmes devraient être traitées comme les hommes, point. Je ne suis pas sur les réseaux, je ne peux pas tweeter. Mais je pense que c’est un outil formidable si c’est utilisé de manière responsable, dans le mouvement #metoo par exemple. Mais je pense que nous devons être attentifs sur comment nous décidons d’utiliser ce pouvoir, je veux être sûre que ce sont les victimes qui sont mises en lumière.

Pensez-vous revenir un petit moment en tant que guest sur The Good Fight ?

J’ai essayé. Ils ne me paieront pas. C’est la vérité… Ce ne sont pas les King, car nous avions une super storyline, trois épisodes même, mais c’est CBS. Ils ne voulaient pas me payer mon cachet. ‘The Good Fight existe grâce à ma série, alors vous devez me payer mon cachet.’ J’ai dû fixer une limite avec eux, je leur ai dit :’si j’étais Jon Hamm qui revient dans Mad Men ou Kiefer Sutherland qui revient sur 24, ça, ils auraient été payé ! A plus’ ! J’ai été choquée. Plus surprise que blessée parce que j’ai pensé : qu’est-ce que tu vaux ? Si tu n’es pas valorisée dans ton travail alors qu’est-ce que tu vaux ? En plus en plein Me Too. Ils savent que je ne suis pas sur Twitter pour en parler, mais vous, vous pouvez le faire (rires) !

Considérez-vous écrire ou réaliser ?

Je n’ai pas spécialement l’envie de le faire, cependant nous avions deux réalisateurs sur The Hot Zone, et pour la première fois je me disais : ‘tiens, peut être que l’on pourrait faire comme ça’. Je pense que le réalisateur doit porter tant de casquettes, la musique, la lumière… Je ne crois pas avoir ça en moi, ou je crois ne pas avoir envie. Écrire ? Je rêve de savoir écrire, en tout cas j’essaie. Mais vous ne verrez rien pour le moment !

Est-ce que vous regardez vous même beaucoup de séries ?

Les bonnes oui ! The Handmaid’s Tale, Game of Thrones, Fleabag, The Homecoming, Borgen ! Pour moi, Borgen a les qualités de The Good Wife mais avec ce petit cran au-dessus côté pouvoir et j’ai adoré ! Beaucoup m’ont dit que The Bodyguard était incroyable, je dois voir ça, mais il y en a tellement…

Comme vous le dites, il y en a beaucoup, est-ce difficile de trouver le bon rôle ?

Pour moi non, car je suis établie, le plus dur, ce sont pour les jeunes acteurs. Ça me rend triste car les studios les engagent en fonction de leur nombre de followers plutôt que pour le talent et cela me rend folle. Je me sens mal pour ça, beaucoup travaillent dur et passent des auditions et après les networks demandent combien de followers sur Twitter ils ont. Et peut être qu’ils n’ont pas le rôle. Je peux me permettre de ne pas me mettre sur les réseaux, parce que j’ai le rôle, mais cela change beaucoup le paysage…

Hannah Benayoun

hannah@serieously.com

Je suis la fille spirituelle de Leslie Knope (Parks and Recreation) & Thomas Shelby (Peaky Blinders).
En ce moment, mon Snack&Chill idéal c'est Bo Bun légumes devant Friends.

Suivez nous !

Lire aussi 👀