The Continental : le métier de cascadeurs est-il toujours aussi dangereux aujourd'hui ?

The Continental : le métier de cascadeurs est-il toujours aussi dangereux aujourd’hui ?

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Les scènes d’action et les cascades impressionnent les fans de cinéma depuis toujours. Et ce n’est pas la saga John Wick, qui redéfinit le genre, qui montre le contraire. Comment le métier de cascadeur a-t-il évolué ? Ce métier de l’ombre mis en lumière à l’écran est-il toujours aussi dangereux aujourd’hui ? Larnell Stovall, le coordinateur des scènes d’action dans la série The Continental : From The World Of John Wick, prequel et spin-off de la franchise culte portée par Keanu Reeves au cinéma, nous en parle.

En neuf ans et quatre films, la saga John Wick a totalement changé le genre, enchaînant les scènes d’action, de combats et de gunfights, toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Le succès public et critique est tel que l’univers s’est étendu à travers un film spin-off intitulé Ballerina, prévu pour 2024 et une série préquelle, The Continental, qui débarque sur Prime Video ce vendredi 22 septembre.

« Il y a toujours un élément de danger » – Larnell Stovall

À l’occasion de sa sortie sur la plateforme, qui proposera les trois épisodes de The Continental sur les trois prochaines semaines, Serieously a rencontré Larnell Stovall, « Action Director », de la série qui nous a parlé de son métier et de son évolution au fil du temps. Les scènes d’action, de cascades, sont-elles toujours aussi dangereuses aujourd’hui ? Le risque zéro n’existe évidemment pas, mais tout est fait pour que les choses se passent le mieux possible.

Il nous dit : « Il y a toujours un élément de danger. Notre travail est aussi de faire une vraie préparation avant de tourner, notamment pour des questions de sécurité. Par exemple, pour les cascades en voiture, qu’on peut voir notamment dans Fast and Furious, parfois il y a des cascadeurs à l’intérieur, parfois elles sont vides… Et tu peux mettre toutes les mesures de sécurité en place, il arrive toujours qu’il y ait des accidents, graves ou moins graves. Tu peux te blesser au cou, au dos, aux jambes, partout, quand une cascade ne se passe pas comme prévu.« 

Scène de combat dans John Wick
© Summit Entertainment

« À chaque projet on apprend quelque chose »

Pour les scènes de combat, il n’est pas question de voitures qui volent, qui s’écrasent, ou que des cascadeurs chutent de plusieurs mètres : les problématiques sont un peu différentes. Si le risque d’accident grave est minime, un coup mal placé peut avoir des conséquences sur le tournage d’un film ou d’une série. « Pour les scènes de combat, un coup un peu trop fort ou mal placé peut blesser une épaule, casser un nez, faire gonfler une lèvre. Ce qui fait qu’on ne peut plus filmer, parce que ces blessures sont trop visibles. Ça crée un effet domino sur la production de la série ou du film, parce que la scène ne peut plus être tournée. Donc on fait en sorte de se préparer au maximum pour éviter tout ça », raconte Larnell Stovall.

Les risques du métier existent toujours bel et bien, mais ce n’est pas pour cette raison que les cascadeurs et leurs équipes s’empêchent de faire des séquences impressionnantes. Les blockbusters nous offrent des scènes d’action qui en mettent plein les yeux aux spectateurs et il y a toujours une recherche pour s’améliorer et évoluer par rapport aux films sortis les années précédentes.

L’Action Director de la série The Continental nous dit : « On est obligé d’évoluer. À chaque nouveau contrat, nouveau projet, il y a une volonté et une vraie attente de faire mieux que la fois précédente. À chaque projet on apprend quelque chose, chaque script nous enseigne une nouvelle chose, cela nous challenge parce que chaque scénario est différent, chaque personnage est différent, les scènes d’action sont différentes. Albert [Hughes, le réalisateur, ndlr] et Kirk [Ward, le co-créateur, ndlr] s’assurent que ce qui est montré est unique et surtout pas répétitif. Que le public ne se dise pas ‘oh j’ai déjà vu ça plein de fois…’ Pour moi, en tant que concepteur de séquences d’action, je fais en sorte que chaque scène, avec plusieurs styles de combats (Karaté, Taekwendo, Kung Fu, un peu de Jiu Jitsu, du Judo, de Dirty Boxing) apporte quelque chose de différent, qu’elle donne envie aux spectateurs de la regarder une nouvelle fois. On se dit alors que nous avons fait du très bon travail.« 

Comment travailler avec des acteurs qui font leurs propres cascades ?

Tom Cruise fait ses propres cascades dans Mission Impossible
© Paramount Pictures

De façon générale, ces scènes d’action et ces cascades sont réalisées à l’écran par des doublures dont c’est le métier, qui remplacent les acteurs. Pour autant, il arrive que des stars souhaitent faire leurs propres cascades, à l’image de Tom Cruise, Jackie Chan, Jason Statham ou même Keanu Reeves. Qu’en pensent ceux et celles pour qui c’est le métier ? Le voient-ils comme un caprice de star ? Ou comme une façon d’encore mieux collaborer ?

« Pour moi, cela a une vraie valeur ajoutée parce que le public paye pour voir l’acteur en action. J’adore les cascadeurs et cascadeuses avec qui je travaille, mais c’est aussi notre travail d’aider les stars qui veulent faire leurs propres scènes d’action. Donc nous les préparons, on les envoie en camp d’entraînement, on fait en sorte que tout se passe pour le mieux, d’éviter les blessures et de les aider pour les mouvements qui peuvent ne pas paraître naturels pour eux. On fait de notre mieux pour qu’ils brillent à l’écran dans ces séquences », confie Larnell Stovall.

Des scènes d’actions réussies pour The Continental

Que les scènes d’action ou cascades soient concrétisées par les stars elles-mêmes ou leurs doublures, il y a donc un véritable travail de préparation avant qu’elles ne soient mises en place. Et parfois, il arrive qu’une idée imaginée, aussi bonne soit-elle, ne puisse pas être réalisée.

« Parfois le défi c’est simplement la différence qu’il peut y avoir entre la séquence à laquelle tu penses et la façon dont on la réalise. On peut penser à des choses incroyables, on va faire ci et ça, mais on est toujours confronté à la réalité du budget, du temps, parfois des talents et de l’histoire, mais aussi la façon de filmer et de monter… Tous ces éléments peuvent gâcher ce que tu avais en tête. Pour The Continental, tout s’est passé comme on l’avait imaginé et ça a créé un magnifique chaos. On voit le résultat et on est heureux. Et il y a certaines scènes qui sont même meilleures que ce qu’on avait imaginé, notamment grâce aux acteurs qui apportent un truc en plus et auquel on n’aurait pas pu penser », nous explique-t-il.

Le plus grisant dans ce métier ? Dans la création de scènes d’action et de cascade ? Pour Larnell Stovall, c’est simple : « Chaque nouveau challenge est une chance de s’améliorer, de grandir, d’apprendre. Est-ce que je suis meilleur que sur le projet précédent ? Chaque projet est une chance de me tester et de voir ce que j’ai amélioré. »

De l’ombre à la lumière, le métier de cascadeurs s’avère toujours aussi risqué aujourd’hui, mais tout est fait pour le rendre le moins dangereux possible. Un vrai job de passionnés et d’experts, qui cherchent constamment à mieux faire.

Romain Cheyron

Romain Cheyron

Journaliste - Responsable pôle News

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