Focus sur… Josh Schwartz, l’homme qui a modernisé les Dynasties familiales

Focus sur… Josh Schwartz, l’homme qui a modernisé les Dynasties familiales

Nouveau rendez-vous ! Chaque mois, Serieously met à l’honneur un showrunner et décrypte ses oeuvres séries. Pour ce premier numéro, nous avons choisi Josh Schwartz, l’homme qui a crée Newport Beach, adapté Gossip Girl, donné vie à Chuck et réinventé Dynastie…

Focus sur…, c’est ton nouveau rendez-vous made by Serieously ! Chaque mois, la rédac s’intéresse à un showrunner de séries et son oeuvre. Pour la première, c’est Josh Schwartz qui est à l’honneur.

Ses oeuvres : Newport Beach, Chuck, Gossip Girl, Dynastie, Runaways

Ses muses : Rachel Bilson (Newport Beach, Hart of Dixie), Zachary Levi (Chuck), Leighton Meester (Gossip Girl), Elizabeth Gillies (Dynastie)

Décryptage : comment a-t-il réécrit le soap opera familial classique ?

Le 11 octobre 2017, la chaîne américaine The CW donne le coup d’envoi de Dynastie. Remake d’un soap opera légendaire des années 80, elle met en scène la richissime famille Carrington. Avec Josh Schwartz et Stephanie Savage aux commandes, cette version modernisée du show trouve son public progressivement, notamment grâce à une diffusion en simultané sur Netflix à l’international. Dynastie a remis le soap classique au goût du jour, l’un des genres fondateurs de la série télé mais considérablement retravaillé ces dernières années – via des titres comme Desperate Housewives, Grey’s Anatomy ou Empire – en y insufflant une pointe de modernité, de fraîcheur, de méta et de second degré.

Pour savoir ce qu’est Dynastie à l’origine, un retour en arrière s’impose. Nous sommes en 1981, soit un an après l’élection du candidat républicain Ronald Reagan (« le président des riches ») à la tête des États-Unis, quand la chaîne ABC donne le coup d’envoi de Dynastie. Son but ? Concurrencer le phénomène Dallas sur CBS. Les deux feuilletons explorent les vies des riches et puissants, mais Dynastie accentue le côté bling-bling, féminin mais aussi avant-gardiste. Si le soap opera signé Richard et Esther Shapiro peine à connaître le succès à ses débuts, le network encourage les producteurs à introduire un personnage diaboliquement charismatique dans la veine de l’iconique J.R. Ewing (Dallas). C’est alors que l’ex-femme vengeresse de Blake Carrington (John Forsythe), Alexis (Joan Collins), entre en scène.

Le succès de Dynastie va se confirmer saison après saison, au point de devenir le show le plus regardé de la télévision américaine en 1984-1985. Avec un total de 9 saisons, 220 épisodes et même un spin-off, Dynastie a marqué de son empreinte l’histoire des séries, ayant un impact non négligeable sur le genre du soap opera.

En 2017, soit 36 ans après la première diffusion originale de Dynastie, le monde n’est plus le même, les mentalités ont évolué et les vies des riches et puissants sont surexposées. Entre les rich kids d’Instagram, les émissions de télé-réalité du clan Kardashian ou des Real Housewives et bien sûr la créativité sans limite des showrunners, les Carrington ont bel et bien pris un « coup de vieux » sur le papier. Pas grand-monde ne mise sur ce reboot de Dynastie, surtout après l’échec de la version 2009 de Melrose Place. C’était sans compter sur Josh Schwartz et son équipe d’experts du soap opera moderne.

C’est quoi la signature Schwartz ?

Face aux codes très premier degré du genre, le showrunner mise sur l’autodérision et le second degré pour se défendre, dans la plupart des séries à tendance soap qu’il produit. Avec un goût et une fascination pour les vies de milliardaires, Schwartz contrebalance toujours avec un personnage « outsider » dans le lot. Tout commence avec Seth Cohen (Newport Beach), directement inspiré de son créateur et de ses années fac à l’Université de Californie du Sud. « Il y avait tous ces mecs blonds musclés qui jouaient au water polo, et leurs petites amies qui faisaient du volley, et j’étais ce jeune homme juif timide » raconte-t-il. Schwartz a même confié que le personnage de Seth était « encore plus geek que ça » à l’origine. Ce garçon solitaire à l’écart dans un monde de privilèges, Schwartz va en faire sa signature, de Dan Humphrey (Gossip Girl) à Alex Wilder (Runaways) en passant par le mémorable Chuck Bartowski (Chuck).

Face à des jeunes rêveurs, parfois inconstants, parfois attachants, les parents ne sont jamais laissés au hasard eux dans les séries de Schwartz. De Newport Beach à Runaways, le showrunner accentue, au fil des années et de ses oeuvres, la tendance machiavélique de pères et mères ambitieux, voire sans pitié avec leurs bambins. Runaways, série adaptée des comics Marvel, en est l’exemple ultime : les parents jouent le rôle des ennemis de héros justiciers. Du côté de Dynastie, c’est Alexis Carrington qui est tournée en parfaite caricature de méchante. Oubliez la série des années 80 où elle était le personnage qui suscitait l’admiration et la fascination du plus grand nombre, ici elle est tournée en ridicule par sa fille à la moindre occasion. Fallon Carrington, parfait mix entre l’insolence d’une Blair Waldorf (Gossip Girl) et l’autodérision d’un Seth Cohen (Newport Beach), n’en loupe pas une pour tacler sa mère, pointant du doigt son opportunisme, son égoïsme ou son côté vénal. Par moments, on a l’impression d’être dans une vraie sitcom familiale tant les situations semblent exagérées pour amuser la galerie.

Notre scène coup de ❤️

Dans cette réécriture d’un passage mythique des années 80, Dynastie reprend le bon gros catfight dans une piscine et le détourne de façon presque méta. Spectateurs (sur les lieux du crime) comme téléspectateurs (coucou) n’en loupent pas une miette et se régalent face à une séquence aussi jouissive.

La « pâte » Schwartz, c’est aussi une fascination pour les jeunes femmes blondes mystérieuses, sulfureuses, inaccessibles… On pense à Marissa Cooper (Newport Beach), Serena Van Der Woodsen (Gossip Girl) ou Karolina Dean (Runaways). Bien qu’elles semblent avoir tout pour être heureuses et épanouies, elles se révèlent la plupart du temps incomprises, seules et fragiles. À mille lieues de la brune plutôt sûre d’elle, caractérielle et indépendante, généralement la chouchoute du public. Sorry not sorry.

Quand on y pense, Dynastie 2.0 c’est un peu la suite parfaite à Newport Beach et Gossip Girl. À la fois pour le côté soap opera à l’extrême, mais aussi les références pop, l’omniprésence des mean girls ou des psychopathes… C’est un mix de l’oeuvre sérielle et surtout soapy de Josh Schwartz, qui attise la curiosité des plus jeunes comme des plus vieux – y compris certains inconditionnels de la série des années 80, c’est dire.

Eliott Azoulai

Eliott Azoulai

Journaliste

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