Columbo : saviez-vous qu’un épisode de la série avait inspiré un véritable meurtre ?

Columbo : saviez-vous qu’un épisode de la série avait inspiré un véritable meurtre ?

Partage
Lien copié !

Si les scénaristes de séries policières redoublent d’ingéniosité pour inventer des crimes et des enquêtes toujours plus complexes, il peut arriver que ces procédés soient repris par certains téléspectateurs. Cela a d’ailleurs été le cas pour Columbo, qui a inspiré le meurtre d’un homme dans le Val d’Oise il y a près de 30 ans. 

Il y a un grand pas entre la fiction et la réalité. Et ce grand pas, certaines personnes n’hésitent pas à le franchir. C’est comme ça que la série Columbo s’est retrouvée au coeur d’une affaire de meurtre en France, après qu’un couple s’est basé sur un épisode du programme américain porté par Peter Falk pour réaliser le « crime parfait ». De quoi  surprendre les policiers sur l’enquête, qui n’avaient pas forcément eu l’habitude de faire face à de tels stratagèmes.

Un meurtre maquillé en accident domestique

En juillet 1995, le corps sans vie de Jean-Bernard Wiktorska, un imprimeur de 42 ans, a été retrouvé à son domicile de Sarcelles, dans le Val d’Oise. Son cadavre se trouvait alors sur un banc de musculation, écrasé sous un haltère de 50 kg. Constatant le visage cyanosé du défunt, ainsi que l’écrasement de son larynx et de sa carotide, le médecin appelé sur place avait conclu à une mort naturelle par asphyxie mécanique.

Alors reconnu comme le résultat d’un accident domestique, ce décès n’aurait pas fait l’objet d’une enquête si, quelques jours plus tard, la police n’avait pas reçu un appel étrange. Une certaine Elisabeth Tourteau, connue pour des faits de toxicomanie, a ainsi pris contact avec un policier des stups de Versailles afin de lui parler de la victime, affirmant que cette dernière avait été assassinée par sa femme et son amant. 

A la suite de ce témoignage, le corps de Jean-Bernard Wiktorska a été sauvé de justesse de l’incinération, afin d’être autopsié par un médecin légiste. Après avoir découvert la présence de Rohypnol – un médicament aux propriétés anesthésiantes qui induit une forte somnolence – dans l’organisme de la victime, ainsi que des traces de strangulations, la théorie du meurtre a été confirmée. Un retournement de situation digne de Columbo ! La femme du défunt, Nadège Wiktorska, et son amant, Jean-Stéphane Saizelet, ont alors été interpellés et placés en garde à vue, mais ont nié les faits.

Des preuves accablantes contre les suspects

Bien que les suspects ne se soient pas tellement montrés coopératifs, les investigations ont rapidement mis en lumière de nouveaux éléments incriminants. Dans les affaires de Jean-Stéphane Saizelet, les policiers ont notamment découvert une liste de méthodes efficaces pour tuer quelqu’un, des recherches sur les doses d’injections létales ou encore des questions sur le moyen de provoquer la mort d’une personne par accident. Par ailleurs, il a été révélé qu’à la mort de son mari, Nadège Wiktorska devait toucher l’intégralité de l’assurance vie de ce dernier, s’élevant à 530 000 francs (environ 80 800 euros). Une information qu’elle avait alors communiquée à son amant. 

L’épisode Exercice Fatal de Columbo comme source d’inspiration

Selon l’enquête, Jean-Stéphane Saizelet avait donc élaboré l’assassinat de Jean-Bernard Wiktorska après avoir regardé l’épisode Exercice Fatal de la série Columbo. Dans ce chapitre, on pouvait notamment suivre les péripéties d’un protagoniste qui, après avoir tué un homme lors d’une bagarre, avait eu l’idée de maquiller le crime en accident de musculation. 

Dans une interview pour L’Heure du Crime, Aurore Piana, l’inspectrice chargée de l’enquête à la police judiciaire de Versailles, se confiait sur cette étonnante inspiration qu’elle avait réussi à déceler grâce à sa passion pour Columbo. « J’aime vraiment cette série. J’ai vraiment eu l’impression, quand j’ai vu l’épisode, que cette histoire m’était familière. Et j’ai fini par comprendre. A ce moment-là, nous étions en train de réfléchir sur les mobiles du meurtre, comment avait-il monté le scénario, comment avait-il pu avoir cette idée. Il a tout simplement reproduit la scène [de l’épisode Exercice Fatal de Columbo] ». 

En octobre 2000, Jean-Stéphane Saizelet a été condamné à la réclusion à perpétuité, accompagnée d’une peine de sûreté de 22 ans. Nadège Wiktorska, quant à elle, a été reconnue coupable de complicité et a écopé d’une peine de 13 ans d’emprisonnement.

L’affaire Jean-Bernard Wiktorska racontée dans une série

Cette histoire, qui a fait couler beaucoup d’encre, a par la suite fait l’objet d’un épisode de la série documentaire 48h, créée par Frédérique Lantieri et centrée sur la garde à vue de suspects issus de célèbres affaires criminelles. Le programme a été diffusé en 2017 sur France 5, reprenant ainsi les interrogatoires des deux amants, entrecoupés par des interventions de témoins et autres parties ayant pris part à l’affaire. Comme quoi, entre Columbo et 48h, cette enquête aura toujours eu un lien étroit avec l’univers des séries.

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste

Suivez nous !

Lire aussi 👀