Prodigal Son : Michael Sheen, "Martin a cette capacité de charmer, de se faire aimer, de captiver" (Interview)

Prodigal Son : Michael Sheen, « Martin a cette capacité de charmer, de se faire aimer, de captiver » (Interview)

Partage
Lien copié !

La saison 1 de Prodigal Son revient ce mercredi 1er juillet sur TF1, et pour l'occasion Serieously a pu interviewer Michael Sheen, qui incarne Martin Whitly dans la série. Il se confie sur son rôle et ce qui l'a poussé à intégrer ce projet.

Qu’est ce qui vous a intéressé dans ce projet ?

Michael Sheen : Je faisais The Good Fight à New York, et je voulais passer plus de temps dans cette ville parce que ma fille y habite. Et je ne cherchais pas forcément quelque chose à faire ici, mais l’idée de Prodigal Son m’est arrivée et j’ai trouvé le personnage que j’incarne vraiment passionnant, dans un univers intéressant. Il y avait un mélange parfait de ce que les gens aiment avec ce genre de séries, mais il y avait aussi quelque chose d’original, qui changeait de l’ordinaire. Et je n’avais pas à jouer un personnage présent constamment à l’écran, il est un peu en retrait par rapport au héros joué par Tom Payne, donc c’était parfait pour moi.

J’ai aimé cette idée d’un personnage qu’on n’arrive pas vraiment à cerner. On ne sait jamais quand il est sincère. Et le fait qu’on ne sache jamais vraiment définir correctement la relation entre Martin et Malcolm. Que ce soit pour les fans ou pour les autres personnages. On ne sait jamais vraiment quand il tient à lui, l’aime, ou si tout n’est qu’une simple manipulation. J’ai trouvé ça intrigant d’explorer tout ça. Et même s’il s’agit de l’histoire d’un tueur on série, on explore aussi l’amour, et ce qu’il est réellement, ce qu’il veut dire. Si tu agis comme si tu aimais quelqu’un, est-ce différent de si tu l’aimes vraiment ? J’ai trouvé ça vraiment intéressant.

J’aime aussi l’humour du personnage, et sa façon de l’utiliser. A la fois c’est le type de personnage qui captive un public, mais aussi quelqu’un en qui tu ne peux jamais avoir confiance, parce que cet humour peut être utilisé pour manipuler. Et ce qui est bien, c’est que quand tu arrives dans une série comme ça, seul un épisode est écrit, donc pour le développement du personnage j’ai eu des discussions avec les deux créateurs, pour découvrir leurs idées sur Martin, et ce que je pouvais apporter en plus pour son évolution. Et j’adore échanger avec eux.

Pourquoi pensez vous que les gens sont aussi captivés par les tueurs en série ?

M.S : Ils nous chassent, ce sont nos prédateurs donc c’est toujours utile de savoir comment ils opèrent. A l’époque où nous vivions dans des forêts ou près des forêts, les loups étaient les créatures dont nous avions le plus peur. Il y a de nombreuses légendes avec de Grands Méchants Loups, et les tueurs en série sont nos Grands Méchants Loups, et ils sont entre la réalité – parce qu’ils tuent véritablement des gens – et le mythe avec de grands fantasmes autour d’eux, et des histoires fictives racontées à travers ces figures. Et je pense que tout ce qui nous fait peur, nous passionne forcément, on les trouve irrésistibles. Ils pressent un bouton dans notre psyché, c’est presque quelque chose de primitif.

Ils sont en dehors, entrain de nous chasser, mais ils sont aussi à l’intérieur de nous, parce qu’ils sont humains. Et on essaye de les comprendre, de comprendre pourquoi des être humains sont capables de faire de telles choses horribles. Ils nous captivent autant qu’ils nous rebutent.

Comment vous êtes-vous préparé pour jouer un tel personnage ?

M.S : J’ai fait beaucoup de recherches sur de nombreux tueurs en série, j’ai beaucoup lu sur la psychopathie, la sociopathie, le narcissisme, tout ce qui entoure leur personnalité. J’ai regardé beaucoup de documentaires sur les tueurs en série et il y en a beaucoup, c’est une véritable industrie. Il y a tout ce qu’on veut, que ce soit en films, en séries, en livres, en documentaires. Qu’ils soient explorés à travers la pop-culture ou à travers des travaux académiques. Et j’ai pu trouver des angles a explorer pour mon personnage, des choses qui me sont devenues utiles pour le développer.

Mais il ne s’agit pas de faire seulement des recherches pures et voilà, il faut aussi mêler ça à l’imagination. Il faut puiser dans son cerveau et dans son coeur, trouver l’équilibre parfait pour lier la réalité et la fiction.

Comment décririez-vous la relation entre Martin et Malcolm ?

M.S : Les scènes entre les deux personnages sont vraiment intenses, parce qu’il y a tellement d’enjeux pour les deux. Leur relation est très importante pour eux, pour de nombreuses raisons. Martin essaye toujours de manipuler Malcolm, même d’un point de vue de père, parce qu’il est enfermé et il ne peut jamais savoir quand son fils va venir lui rendre visite et parler avec lui. Donc il fait tout pour qu’il revienne le voir à chaque fois. Il crée un besoin chez Malcolm. Il le manipule avec ses émotions, mais il ne doit pas montrer qu’il le fait.

Malcolm lui, déteste son père, il le rejette tant bien que mal, par rapport à ce qu’il a fait, ce qu’il est et de quoi il est capable. Mais d’un autre côté il l’aime et lui demande de l’aide, parce que leur lien est puissant. A chaque fois qu’il est avec lui ses émotions et son état psychologique explosent. Donc quand on travaille ensemble avec Tom Payne c’est toujours très intense sur le tournage.

Vous avez incarné de nombreux personnages dans des séries et films. Martin est-il le plus complexe d’entre eux ?

M.S : Il est certainement très complexe, mais j’ai la chance d’avoir joué beaucoup de personnages complexes pendant ma carrière. J’essaye toujours d’amener un certain niveau de complexité parce que c’est le plus intéressant à jouer en tant qu’acteur. Mais Martin est vraiment compliqué et notamment parce qu’il cache beaucoup de choses. Par exemple, William Masters de Masters of Sex était aussi un personnage très complexe, mais en surface c’est quelqu’un avec qui il est difficile d’accrocher, donc c’est difficile pour le public, alors qu’un personnage comme Martin, qui est un tueur, un prédateur, a cette capacité de charmer, de se faire aimer, de captiver. Et c’est génial pour moi, j’adore jouer ce genre de personnages. Il est fascinant.

Prodigal Son martin malcolm

Comment l’arrêt du tournage de la saison 1 à cause de la pandémie a changé la fin ?

M.S : L’histoire principale a été tournée quasiment entièrement, et j’avais personnellement filmé toutes mes scènes avant l’arrêt de la production. Donc on a été capable de terminer l’intrigue, malgré la suppression de deux épisodes. J’avais d’autres obligations, donc la toute fin de saison avait été tournée avant certains épisodes, par chance. Il a alors fallu un peu jouer avec le montage pour rendre crédible l’intrigue finale, avec quelques éléments en moins.

Qu’est ce qui attend les fans dans la saison 2 ?

M.S : A la fin de la saison 1 de Prodigal Son, Martin n’est plus dans sa prison personnelle, et se retrouve avec plein d’autres détenus. Et c’est un énorme terrain de jeu pour lui, parce qu’il aime plus que tout jouer avec les gens, les manipuler. Il va essayer de retrouver ses capacités sociales et peut devenir bien plus dangereux… Même s’il va devoir réussir à s’adapter à un environnement qu’il ne connait plus vraiment. D’autant plus que la dynamique de sa famille a complètement changé avec les événements de la fin de saison 1, donc ce sera exploré dans les nouveaux épisodes.

Romain Cheyron

Romain Cheyron

Journaliste - Responsable pôle News

Suivez nous !